DOUZIÈME CONSTATATION :

Une vision différente de l'enseignement et de l'apprentissage

Dans un contexte où les technologies nouvelles jouent un rôle important, l'enseignant et l'enseignante envisagent de moins en moins le savoir comme un ensemble de connaissances à transmettre et de plus en plus comme un processus et une recherche continus dont ils partagent avec les élèves les difficultés et les résultats.


Points de repère

a) Pour que l'utilisation d'une nouvelle technologie soit efficace, on doit l'inscrire à l'intérieur d'une approche plus large qui justifie cette utilisation. Envisager les nouvelles technologies comme un outil ou un instrument implique qu'il est possible de les situer à l'intérieur d'une approche qui est assez bien définie, de sorte que, par exemple, la capacité de l'ordinateur concernant l'entrée de données, leur présentation et leur communication puissent contribuer effectivement à l'apprentissage et à la réussite des élèves. Par ailleurs, les enseignants et les enseignantes doivent connaître et maîtriser concrètement aussi bien l'approche pédagogique qui convient en classe que les nouvelles technologies qu'eux-mêmes et leurs élèves utilisent. De tels propos dépassent la simple considération des effets des nouvelles technologies, mais ils paraissent nécessaires si l'on veut mieux savoir comment les pouvoirs de l'ordinateur peuvent servir à des fins d'apprentissage et comment concevoir des environnements appropriés avec ces technologies.

En bref, on peut affirmer que les nouveaux courants pédagogiques mettent de plus en plus l'accent sur la formation d'apprentissages qui sont :

Ces objectifs généraux fondent une pédagogie qui prend pour les élèves la forme suivante: exécution et présentation de projets (en remplacement, ou en complément, de la mémorisation de faits); collaboration avec d'autres élèves, des enseignants et d'autres gens hors de la salle de classe en tant qu'apprenants et sources d'information; planification d'activités et coordination de multiples sources d'information dans leur recherche de connaissance (voir Brown et Campione, 1996).

b) Cette façon de concevoir la pédagogie est ressortie avec évidence de l'évaluation qui a été faite du projet Apple Classrooms of Tomorrow (voir Sixième constatation, b) par Dwyer, Ringstaff et Sandholtz (1991). Au cours des années qu'a duré l'expérimentation en classe, le personnel enseignant a progressivement, et de plus en plus substantiellement, révisé ses idées sur l'enseignement et l'apprentissage. Déjà, au cours de la sixième année, il appert que ce personnel <<est mieux disposé à envisager l'apprentissage comme un processus actif, créateur et socialement interactif qu'il ne l'était au début du projet. On voit maintenant le savoir, précise-t-on, comme quelque chose que les élèves doivent eux-mêmes construire, plutôt que comme quelque chose que l'on peut leur transmettre intact>> (p. 50). Cette évolution s'est encore affirmée par la suite. L'instruction est devenue une <<construction>> où l'interprétation des faits a remplacé leur accumulation, la compréhension de la matière couverte, son étendue et l'évaluation de la capacité de faire ou de démontrer les questions à choix multiples.

c) Selon Allan Collins (1991, voir Quatrième constatation, b), l'implantation des nouvelles technologies dans les écoles aura aussi une influence notable sur la conception même que l'on se fait de l'enseignement et de l'apprentissage. Ainsi, alors que, maintenant, en principe du moins, les élèves apprennent tous la même chose de la même manière en même temps, les nouvelles technologies rendent possibles et naturels des apprentissages différents selon les élèves. (p. 30). Collins affirme également que les nouvelles technologies, dont la composante visuelle est importante, incitent également à passer d'une pensée d'abord verbale à une pensée qui intègre le visuel et le verbal (ibid.).


Productions Tact

16 janvier 1997