Depuis déjà quelques années, les TIC prennent une place considérable dans toutes les sphères d'activités. Après avoir prit d'assaut le monde du travail, voilà qu'elles s'émissent, malgré quelques résistances, dans le monde scolaire. Et ce, de plus en plus massivement. Alors que l'on cherche à atteindre un ratio d'ordinateurs par élève "politiquement acceptable" afin de pouvoir se comparer avantageusement aux autres pays, certains projets scolaires poussent le branchement des écoles à un niveau encore inégalé, soit un ordinateur portable pour chaque élève. Bien entendu, l'école ne peut supporter (du moins actuellement) le coût relié à une telle initiative. Il en revient donc aux parents d'en défrayer les coûts. On pourrait, à prime abord, crier à l'inégalité sociale que cela entraîne, mais nous nous contenterons de regarder la situation avec un autre il. Dans le cas où les ordinateurs appartiennent à l'école, il est alors facile de réglementer leur utilisation (installation de logiciels, modification de l'interface, etc.). Cependant, dans le cas où le portable est la propriété de l'élève (ou de ses parents) en plus d'être utilisé autant à l'école qu'à la maison, comment gérer cette réglementation? Après tout, c'est LEUR ordinateur " C'est mon ordinateur, il m'appartient. Je peux faire ce que je veux, ce sont mes parents qui l'ont acheté ". Tout enseignant utilisera probablement le principe directeur suivant pour orienter son action : " À la maison, c'est à la maison et à l'école, c'est à l'école. " C'est tout à fait correct. Cependant, cette réponse peut s'avérer quelque peu " frustrante " pour un élève. Regardons de plus près ce que cela implique.
- Désir de contrôle et jugement Dans le principe directeur énoncé précédemment, nous y retrouvions deux aspects. Le premier est que l'enseignant désire connaître l'utilisation réelle que les élèves font de leur ordinateur. Ou, si vous préférez, l'enseignant désire avoir un droit de veto quant à son utilisation. Habituellement, cela aura pour but d'éviter que les élèves aient accès à un contenu " inapproprié " (accès à des sites internet interdits ou application d'images hors normes en fond d'écran). Il importe de garder à l'esprit que l'on ne peut contrôler ce que les élèves font avec leur ordinateur à la maison. Si chez eux, ils peuvent naviguer où bon leur semble, nous ne pouvons rien y changer. C'est donc également aux parents de jouer leur rôle. Il peut alors être intéressant de se questionner sur l'attitude des parents à ce sujet. Voici ce que le rapport final d'une étude intitulée Les jeunes Québécois et Internet, réalisée pour le ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC) en dit : " Les parents de la génération
Internet, n'exercent qu'un contrôle très indirect
sur la navigation de leurs enfants sur Internet. En général,
lorsqu'ils éprouvent de l'inquiétude par rapport
aux contenus auxquels leurs enfants pourraient être exposés,
ils ne s'abonnent pas à Internet, mais une fois abonnés,
ils s'en remettent au jugement de leurs enfants, n'exerçant
que peu ou pas de surveillance sur leurs cyberactivités.
"
- Les scientifiques s'entendent
pour dire qu'environ 1% du matériel qui circule sur Internet
est de nature pornographique. (1996
qu'en est-il maintenant
?)
En résumé, le contrôle du contenu de l'internet est difficile, pour ne pas dire pratiquement impossible. La solution : la sensibilisation et la responsabilisation des élèves. Limiter l'accès à l'internet n'est pas une panacée et demande surtout une incroyable vigilance. Après tout, un enseignant ne devrait-il pas mieux investir son énergie dans l'apprentissage qui peut y être sous-jacent ? Au fait, qu'en pensent les élèves ? D'après le même rapport du ministère de la Culture et des Communications du Québec cité précédemment, nous apprenons que :
" Si les jeunes ont généralement des perceptions très positives d'Internet, l'étude fait également ressortir qu'ils n'en sont pas moins capables de faire preuve de sens critique à l'égard de certaines de ses caractéristiques. Ainsi, il appert que la majorité des jeunes croient nécessaire une forme de contrôle de l'information sur Internet. Non pas qu'à leur avis la présence de contenus dits "indésirables" - pornographie, propos haineux et racistes, etc. - soit très grave (ils la décrivent souvent comme un problème d'adultes), mais à leur avis "on devrait également se débarrasser de nombreux sites inutiles qui engorgent le réseau, comme les sites qui ne sont plus en opération et qui disposent encore d'une adresse active". (http://www.infobourg.qc.ca/articles/369.html)
Peut-être que le contrôle que nous désirons obtenir est excessif ? Mais, tous seront d'accord sur un point : on ne peut tout permettre à l'école. Si nous sommes maintenant conscients que la meilleure solution n'est pas de rechercher un trop grand contrôle, qui de toute manière ne sera que poudre aux yeux, il convient tout de même de gérer l'utilisation. C'est à ce moment que le jugement entre en ligne de compte.
La question est alors la suivante : comment responsabiliser mes élèves et gérer les zones grises ? Voici différentes manières possibles de voir les choses.
D'abord, la navigation et le fond d'écran (que l'ordinateur soit la propriété ou non de l'élève), rejoint un règlement présent dans la majorité des écoles : celui des vêtements. Ce règlement mentionne qu'un élève ne peut porter de vêtements affichant un message haineux, provocateur ou pornographique. Voyez-vous le parallèle avec l'ordinateur ? Qu'en pensez-vous ? Bien sûr, il est moins facile de " vérifier " les fonds d'écran des ordinateurs que de regarder sur les gilets des élèves.
Une solution ? Si l'on demande seulement à l'élève d'effacer son fond d'écran, il est possible qu'il soit de retour presque aussitôt : il peut le récupérer de la corbeille, retourner chercher l'image sur l'internet, en placer une autre, etc. De plus, comment juger si une image est acceptable ou non ? C'est à ce moment qu'il est intéressant de pouvoir conserver une " pièce à conviction ". Nous n'avons tout simplement qu'à demander à l'élève de faire sortir deux impressions de son image. Une pour nos archives et l'autre pour qu'il demande à ses parents et au directeur de la signer. S'il juge que son image est acceptable, il devra alors les convaincre que c'est le cas. Le jugement ne revient alors plus seulement à l'enseignant. À ce moment, l'élève devient responsable de ses actes.
Conscientiser les élèves L'enseignant qui en est venu à la solution précédente a eu recours aux élèves pour la trouver. L'occasion était belle d'exercer leur esprit critique. Il y a donc eu un échange sur les pistes de solutions pour résoudre le problème. Les élèves (de deuxième secondaire), ont fait preuve d'une belle maturité. Certains argumentaient qu'ils pouvaient faire ce que bon leur semblait avec leur ordinateur et d'autres, que nous étions dans une école et que de ce point de vue, tout n'était pas acceptable. Le débat était lancé. L'argument le plus solide, soulevé par un élève, fut le parallèle entre l'ordinateur et le cartable. En effet, même si le cartable leur appartient et qu'ils l'utilisent à la maison comme à l'école, ils ne peuvent coller n'importe quoi sur celui-ci. Puis, les élèves ont jugé que la manière de réagir la plus convenable et la plus facile pour l'enseignant était de faire imprimer l'image ou la page du site étant l'objet de litige. Ensuite, il doit exiger les signatures des parents et du directeur pour le retour en classe de l'élève. Ce faisant, l'élève devient responsable de son geste et l'enseignant n'a pas à gérer ce qui peut devenir une source de conflit en classe. Alors, que pensez-vous de leur solution ? Ne dit-on pas que les élèves sont encore plus sévères que les enseignants |