Dans cette même optique,
l'équipe de l'ACOT décrit les observations positives
faites chez un de leur enseignant: " En sciences physiques,
Richard télécharge les fiches de travail qu'il
a préparées l'année dernière. [
]
Les élèves ont accès à l'ensemble
du travail sur le réseau.[
] Nombre d'entre eux n'utilisent
jamais de feuille de papier ni de crayon. Ils téléchargent
la fiche préparée par l'enseignant, ils exécutent
la tâche, puis ils impriment leur travail terminé
afin que l'enseignant le ramasse. Finies les photocopies perdues,
remplacées et perdues à nouveau par dizaines. "
(3) Toutefois, en se basant sur le cas présenté
précédemment, on se rend bien compte que l'économie
de papier n'est pas réelle. Comme le mentionne l'enseignante,
il n'est pas rare que certains élèves réimpriment
tout un document pour compléter une simple information
manquante ou pour améliorer la présentation visuelle
du travail. Cependant, contrairement à ce qu'il serait
possible de croire, la consommation totale de papier équivaut
à celle d'une classe régulière travaillant
à partir de documents fournis par l'enseignant. Une enseignante
de l'ACOT donne tout de même les conseils suivants au futurs
enseignants de classes branchées à propos des "
libertés des élèves " : " L'utilisation
des imprimantes oblige les élèves à s'écarter
des règles de conduite habituelle. Ils ne sont pas habituées
à autant de liberté, et cela crée beaucoup
de brouhaha. Les enseignants devront habituer assez tôt
les élèves à une telle liberté. "
(4) En ce qui a trait à l'utilisation du papier, il convient
donc de conscientiser les élèves à la préservation
des ressources dès le début de l'année.
Sans les obliger à rendre des comptes sur ce qu'ils désirent
imprimer, l'enseignant peut à tout le moins encourager
les élèves à faire une première sélection
de ce qu'ils désirent imprimer sur leur écran d'ordinateur,
ou encore, de garder les informations dans un dossier de leur
ordinateur. Mais, comme le démontre le cas présenté,
bien d'autres problèmes viennent se joindre au gaspillage
du papier et à ceux ayant trait à la gestion des
périphériques. " Avant de sauver du temps, les TIC en font perdre beaucoup. Elles occasionnent de nouveaux problèmes. " (5) Ces "nouveaux problèmes" ont été survolé dans notre cas initial. En nous référant à ce cas, il est important de mentionner que l'enseignante a fait un bon choix en interdisant aux élèves de faire imprimer leur document dans la classe voisine. En effet, chaque enseignant a des responsabilités face aux élèves et il devient difficile de leur accorder un il attentif si ceux-ci vont d'une classe à l'autre. En permettant aux élèves de s'introduire dans la seconde classe, ceux-ci détourneraient inévitablement l'attention des autres élèves. Une solution permettant de réduire les risques de congestion des périphériques pourrait d'ailleurs être envisagée en invitant les équipes à se présenter les unes à la suite des autres. Bien entendu, cette alternative sera plutôt fonctionnelle lors de l'impression de la copie finale d'un travail. Mais, c'est usuellement à ce moment que l'on retrouve un plus grand nombre de personnes aux périphériques. Lors de l'impression de devoirs par exemple, les dix dernières minutes du cours pourraient être réservées à l'impression. À ce sujet, nous faisons place à un dilemme très important. Comment gérer le plus efficacement possible l'impression de documents en classe? Dans un premier temps, on doit considérer que dix minutes ne sont pas toujours suffisantes pour l'impression de documents. En raison de divers problèmes techniques, certains ne réussiront jamais à vous remettre leur travail avant la fin de la période. Deuxièmement, ces dix minutes sont des minutes enlevées à l'étude du contenu. Pour certaine matière, il devient difficile d'accorder régulièrement ce temps d'impression. Par exemple, supposons qu'une fois par semaine vous accordez dix minutes à la fin de votre cours. 10 minutes X 36 semaines de classe (environ) = 360 minutes (environ) 360 minutes divisées par 75 minutes/cours (durée d'une période de cours) = 5 cours (environ) Vous acceptez donc de consacrer 5 périodes de classe dans l'année à l'impression de documents et cela sans compter les divers imprévus de toutes sortes. Alors, est-ce une bonne façon de procéder ou non? Une enseignante de l'ACOT apporte une solution qui pourrait aussi permettre de restreindre au minimum le nombre d'élèves à l'imprimante : " Les enfants aiment utiliser l'imprimante. Ils veulent imprimer tout ce qui apparaît sur leurs écrans. [ ] Certains d'entre eux se sont donné le rôle d'experts et ils supervisent l'impression des travaux des autres. " (6) De fait, en invitant les équipes à se nommer un responsable de l'impression, il y aura inévitablement diminution du bavardage et des pertes de temps. Un autre bon point à faire ressortir du cas est l'idée de l'inscription des noms au tableau en ce qui concerne l'utilisation du numériseur. En adoptant cette méthode, l'enseignante a minimisé les minutes perdues d'attente inutile pour les élèves. Ce cas a également mis en lumière la possibilité qu'un enseignant soit confronté à un problème technique. L'extrait suivant en est un exemple : " Les problèmes liés au réseau étaient particulièrement gênants pour les enseignants, car peu d'entre eux avaient le savoir-faire nécessaire pour les résoudre. Leur planification s'en trouvait complètement désorganisée. " (7) Si cette facette de l'enseignement était inconnue des enseignants des classes dites traditionnelles, l'arrivée des classes branchées lance à l'ordre du jour les questions de la formation des enseignants et de l'apport du soutien technologique continu. Comme le mentionnent les classes de l'ACOT, l'informatisation des classes obligea les enseignants à s'adapter à de nouveaux outils pédagogiques de même qu'à leurs caprices (8). Ainsi, parmi les conditions que requiert l'utilisation efficace des nouvelles technologies, il devient primordial de considérer de première vue que l'apprentissage des élèves dépend de la connaissance que les personnes qui utilisent une nouvelle technologie ont de cette technologie et de leur habileté à en tirer parti (9). NCATE considère d'ailleurs qu'à la sortie d'une formation en enseignement, chaque enseignant devrait avoir certaines connaissances dans l'utilisation des nouvelles technologies pour l'enseignement, l'évaluation et la production d'outils éducatifs (10). Cependant, tout en encourageant fortement les enseignants à explorer les outils technologiques de leur environnement, il ne faudrait pas penser qu'il en incombe à eux seuls de gérer les problèmes susceptibles de se produire dans leur classe. Le 14 juin 1999, le ministre de l'éducation a d'ailleurs ajouté quatorze millions au budget initial en éducation, et ce, dans le but d'embaucher jusqu'à 400 techniciennes et techniciens. Comme le mentionne M.Legault : " leur présence en plus grand nombre permettra d'accélérer l'installation des nouveaux postes, d'en assurer l'entretien, d'effectuer plus rapidement le branchement en réseau et sur Internet en plus d'offrir un support technique adéquat aux personnels et aux élèves " (11). À l'exemple des enseignants qui se font les accompagnateurs et les guides de l'apprentissage des élèves, les techniciens rempliront la tâche de soutien pour les enseignants. L'analyse du présent cas ne prétend pas fournir toutes les réponses aux questions que se posent les enseignantes et enseignants face à la gestion de l'imprimante et autres périphériques. Toutefois, il serait tout de même important de soulever la réflexion en ce qui a trait à la construction des connaissances des élèves qui pourront dorénavant présenter avec facilité une impression d'informations qu'ils n'auront pas pris le temps d'analyser et de s'approprier. C'est donc sur les propos de Tardif allant en ce sens que cette analyse prendra fin : " Les nouvelles technologies pourraient faire en sorte que les élèves " surfent " constamment sur les informations sans jamais les transformer en connaissances personnelles. Ils se comporteraient comme s'il n'était jamais nécessaire de s'approprier personnellement des informations parce que justement elles sont toujours disponibles et que leur consultation est particulièrement aisée et rapide. Dans ce sens les NTIC présentent le danger de contribuer au fait que les élèves ne soient jamais en train de construire des connaissances. Cognitivement, ils se contenteraient de consulter des bases de données, lorsque cela est nécessaire. " (12) (1) Une condition incontournable
aux promesses des NTIC en apprentissage : une pédagogie
rigoureuse, Tardif, Jacques, http://aquops.educ.infinit.net/colloque/14colloque/ouverture.html (5) Atelier dans le cadre du
Colloque en enseignement au secondaire 1999. Une classe branchée
: tout un projet
(9) L'apport des NTIC à
l'apprentissage des élèves du primaire et du secondaire,
Revue documentaire, Grégoire inc, Bracewell, Laferrière,
http://www.tact.fse.ulaval.ca/fr/html/apportnt.html |