Dès les premiers instants
où l'on met les pieds dans une telle classe, l'omniprésence
des ordinateurs saute aux yeux
mais aussi aux oreilles !
C'est qu'il faut bien comprendre que ces petites boîtes
grises ne sont pas silencieuses. En plus de posséder un
lecteur de disque compact, l'ordinateur donne accès à
de multiples sources sonores. Le bruit provenant de ceux-ci,
bien qu'il soit des plus agaçants, est le plus facile
à contrôler. C'est pourquoi, il n'est pas essentiel
d'insister trop sur la question. En effet, les cas où
l'utilisation des capacités sonores de l'ordinateur sont
nécessaires à la réalisation d'une activité
pédagogique sont plutôt rares. De plus, il est assez
facile pour l'enseignant d'imposer ses règles, qui peuvent
très bien en être l'interdiction complète.
Bien sûr, lorsque les ordinateurs appartiennent aux élèves,
il est plus délicat d'empêcher ceux-ci de posséder
des éléments sonores (voir le texte se rapportant
à la problématique de la propriété
privée du portable), ce qui n'empêche cependant
pas de leur interdire de les utiliser en classe. Il peut par
contre être plus difficile d'éviter le bruit issu
des différents périphériques de l'ordinateur,
tels les numériseurs ou les imprimantes. Encore là,
le contrôle peut se faire en déterminant des moments
d'utilisation précis durant la période. "Habitués qu'ils étaient à des classes où les élèves restaient assis à leurs pupitres et où le maître s'installait en avant, certains enseignants se demandaient si les élèves faisaient ce qu'ils avaient à faire et apprenaient ( ). Une enseignante s'interrogeait:"Je me demande si les élèves sont vraiment à leur affaire quand les enseignants ne font que circuler dans la classe. Je ne suis pas sûre que les élèves apprennent vraiment si je ne suis pas en avant de la classe à voir tout. Ça demande une adaptation." Une autre enseignante souligna: "C'est dur de laisser aux enfants la liberté dont ils ont besoin pour aller et venir dans la classe pendant les séances de travail individuel et collectif."" (1) Que ceux qui croient que l'ordinateur déshumanise se rhabillent. La présence d'ordinateur dans un tel contexte, ne fait rien pour aider comme le prouvent ces résultats de recherche: "L'un des résultats les plus frappants et les plus constants de cette expérience (ACOT) est que l'utilisation que l'on a faite de la technologie n'a pas isolé les élèves les uns des autres, mais a, au contraire, multiplié les relations entre eux." (2) À première vue, tout cela ne semble guère attrayant et risque bien de décourager les disciples du silence absolu. Gérer une classe en projet demande d'abord de voir les choses d'une perspective différente qui ne peut être "approuvée" qu'une fois un projet terminé: quel climat de classe (conséquent de la pratique pédagogique choisie) favorise le plus l'atteinte des objectifs d'apprentissage ? Le silence ou le calme qui prévaut dans une classe est-il nécessairement synonyme d'apprentissage et de réussite ? Jusqu'à un certain point, le climat dans la classe est nécessairement différent selon que l'enseignant choisisse l'exposé magistral ou le projet. En choisissant d'adopter l'approche par projet, l'enseignant doit donc s'attendre à ce qu'il y ait un peu plus d'action dans sa classe. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il doive tout accepter. Aussi doit-il d'abord connaître ses propres limites, son seuil de tolérance. Dans la situation décrite plus haut, il semble assez évident que l'enseignant a atteint le sien. Palardy (1993) considère d'ailleurs qu'un des principes de base pour régler les problèmes de gestion de classe est de se sentir à l'aise avec soi-même, avec les élèves et avec la matières que l'on enseigne. (3) À quelques différences près, les façons d'intervenir ressemblent à celles qui sont valables partout. Cependant, quelques trucs, dont en voici quelques uns, peuvent être utiles d'une façon plus particulière à ce type de contexte. Il peut par exemple être plus efficace de trouver le moment propice pour les interventions, soit le début et/ou la fin de la période. Cependant, il arrive qu'il soit nécessaire de transmettre des informations en cours de période. Quelques moyens de ramener l'attention, tel qu'un signe quelconque convenu à l'avance (ex: fermer les lumières) peut s'avérer efficace. De plus, à partir du moment où un enseignant connaît mieux ses élèves, il peut circuler plus fréquemment près de ceux dont la tendance verbomotrice est de façon générale plus exacerbée. Enfin, lorsque des ordinateurs font partie du décor, il peut être efficace d'exiger que les écrans soient baissés (lorsqu'il s'agit d'ordinateur portatifs) ou de limiter les déplacements en réduisant le temps pour les impressions à des moments précis. Qu'en pensez-vous ? Auriez-vous
d'autres suggestions ? (1) Sandholtz, Judith, Haymore, Cathy Ringstaff et David C. Dwyer, La classe branchée, enseigner à l'ère des technologies, Chenelière/McGraw-Hill, Montréal, 1997, p. 63. (2) Grégoire inc., Réginald, Robert Bracewell et Thérèse Laferrière, L'apport des nouvelles technologies de l'information et des communications (ntic) à l'apprentissage des élèves du primaire et du secondaireRevue documentaire, RESCOL/SCHOOLNET, collaboration de l'Université Laval et de l'Université McGill. (3) Gestion de classe 1(Notes de cours), Frédéric Legault, Université Laval, 1999, p.34 |