Accorder un temps libre de gestion personnelle Première résolution : les élèves et une enseignante, suite à une décision du conseil de classe, s'accordent quinze (15) minutes de travail personnel à chaque première période de la journée. Ainsi les élèves, tout comme les adultes en ont aussi besoin, peuvent faire la gestion personnelle de leur poste de travail, prendre leur courriel, classer leurs fichiers et dossiers, faire le ménage de leur " bureau informatique ". Ce quinze (15) minutes est aussi utile pour l'enseignante ou l'enseignant après avoir accueilli les élèves et présenté le plan de cours en groupe : préparation et distribution du matériel du cours, gestion, messages personnels à des élèves, impression à l'imprimante, branchement en réseau, partage de fichier informatique aux élèves de la classe. Sachant qu'un temps personnel de travail sera accordé, il est plus facile de s'accueillir en silence, d'être à l'écoute et disponible quand la cloche sonne pour connaître l'orientation du cours, c'est une question de respect de chacun. Mais, il n'est pas toujours facile d'accorder régulièrement ces quinze (15) minutes de travail personnel. À certains moments, par exemple, toute la période peut être nécessaire afin de faire l'étude d'un contenu donné. Il faut être prudent avant d'adopter une telle résolution. Parfois, il est justifiable d'accorder autant de temps à l'organisation personnelle et à l'impression de documents. Cependant, ces besoins ne sont pas toujours aussi présents tout au long de l'année scolaire. De plus, il faut prendre en considération la qualité du travail fait pour ne pas que cela devienne des temps "libres". L'esprit de la classe au travail Il est important de sensibiliser les élèves à bien gérer leur outil de travail et leur temps de travail en classe et à la maison. Des règles de fonctionnement pour stimuler l'esprit de la classe au travail sont édictées dans un document de l'école des Compagnons-de-Cartier, que l'on peut retrouver sur le site Internet : 1.1 La confiance La base du programme PROTIC repose
sur la confiance des adultes (direction - enseignants - parents)
envers les jeunes. Des responsabilités importantes leur
seront confiées tout au long de leur cheminement à
travers ce programme d'études. Il faut tout de même être conscient que cela se veut parfois une source de stress pour certains élèves et certains parents. 1.2 L'autonomie Nous somme convaincus qu'avec
une aide concertée entre l'école et la maison,
nous pouvons augmenter progressivement le degré d'autonomie
du jeune en ce qui a trait : 2.1 Les locaux de classe Au son de la première cloche, le matin, l'élève se dirige vers son local. Il place devant lui son portable (couvercle fermé et hors connexion réseau ), le met sous tension et attend les consignes de l'enseignant avant de le démarrer en demeurant assis à sa place. Aux pauses du matin, l'élève doit quitter le local et à son retour avoir avec lui tout le matériel nécessaire pour la période suivante. 2.2 Climat de classe En tout temps, l'élève doit adopter une attitude permettant aux autres élèves de travailler dans un climat de calme et de respect. L'élève utilise son portable comme un outil de travail indispensable et non comme un jouet et suit les directives des enseignants dans l'exécution des tâches. Avec le nombre de projets que les élèves ont à gérer simultanément, ceux-ci ont intérêt à organiser de façon efficace leur travail durant ce quinze (15) minutes. Ils ont la possibilité de travailler en équipe durant cette plage de temps en demandant préalablement la permission à l'enseignante ou à l'enseignant. Cette solution permet de diminuer les activités " secrètes " en parallèle durant le reste du cours où l'on travaille individuellement, en équipe ou en groupe avec ou sans l'ordinateur. Toutefois, certaines interrogations peuvent être soulevées. Peut-on interdire l'accès à l'ordinateur à un élève pendant un temps donné à la suite d'une mauvaise utilisation de son outil de travail ? Ce portable lui appartient, mais il n'est pas le seul à vivre en classe. Comment autrement le sensibiliser à une saine utilisation ? Aussi est-il bien d'accorder ce temps si l'on prend en considération que certains élèves ne l'utilisent pas à bon escient ou ont de la difficulté à gérer leur travail? Comment réussir à les sensibiliser ? L'interprétation qu'ils ont de ce quinze (15) minutes fait-elle partie de leur évolution cognitive personnelle et du développement de leur autonomie ? Quoiqu'il en soit, beaucoup d'efforts sont à faire dans le respect de chaque apprenant. Apprendre à comprendre, apprendre à apprendre. Il est bien sûr très sage d'y aller de manière progressive. Pour un élève de secondaire un, cela peut faire beaucoup d'éléments à intégrer en même temps (responsabiliser, travail d'équipe, gestion personnelle, etc.) D'autres affirmeront également que : " on doit envisager une relation de confiance, mais il faut être prudent. Pour ma part, je pense qu'il est capital de mettre parfois certaines balises (restrictions), surtout au début". Ouvrir un lieu de travail à l'ordinateur durant les temps libres en réponse aux besoins des élèves Une autre volonté des élèves était d'ouvrir un local, pendant l'heure du dîner sous la supervision d'élèves responsables de deuxième secondaire. Des règles claires ont été établies durant cette période de travail : aucun " chat " ni activités ludiques ne sont permis et les élèves doivent demander l'autorisation des élèves-surveillants pour l'impression et la consultation d'Internet. D'ailleurs, les " chats " et le jeux sont interdits en classe à moins qu'ils n'aient une visée pédagogique comme cela s'est déjà produit. L'attrait de l'ordinateur en tant que console de jeu vidéo, en tant qu'outil de travail, le fait de faire passer ses occupations personnelles avant celles de la classe, le goût d'avancer plus rapidement, la motivation suscitée par l'intégration des TIC sont identifiées comme des causes probables de ces comportements en classe et durant les pauses. Il s'agit d'une situation vécue aussi par les enseignant(e)s et les élèves du programme ACOT. Au tout début du programme, les enseignants ont observé que les élèves étaient fascinés, enthousiasmes et motivés quand ils apprenaient en travaillant avec les ordinateurs et les nouveaux logiciels. Quand le temps manquait, ceux-ci étaient déçus de ne pas travailler plus longuement avec les ordinateurs. Dans certaines classes , les élèves arrivaient plus tôt et partaient plus tard pour pouvoir utiliser les ordinateurs. Au début, la présence d'élèves dans les classes pendant les récréations et les heures de dîner ne manqua pas de surprendre les enseignants. Plutôt que de se précipiter vers la sortie dès la fin des cours, les élèves demandaient la permission de demeurer en classe. Les enseignants s'étonnèrent que des élèves restent à l'école après les cours, non pour participer à des activités parascolaires, mais pour accomplir des tâches scolaires. Une enseignante du secondaire déclara qu'elle n'avait jamais vu d'école où les élèves désiraient rester en classe après les cours ou pendant les périodes d'étude pour travailler. Cette ferveur eut de nombreux bénéfices pour les enseignants comme pour les élèves. Ces derniers apprenaient plus rapidement quand ils avaient le goût d'apprendre et leur détermination encourageait les enseignants à poursuivre leurs efforts. Un enseignant du secondaire affirma notamment que l'intérêt et la motivation de ses élèves se maintenaient jusqu'à la dernière semaine de l'année, phénomène qui se produisait rarement avant la mise en uvre du Programme ACOT. (HAYMORE SANDHOLTZ et al, La classe branchée, p.92-95) En effet, l'utilisation de l'ordinateur
contribue à augmenter la motivation et l'intérêt
des jeunes à l'école. Cette motivation croissante
renforce la motivation et l'effort des enseignant(e)s.
Selon un enseignant du primaire
participant au programme ACOT, les élèves ne se
fatiguent pas de travailler avec l'ordinateur. Au contraire,
ils réclament du travail. Au cours de sa carrière
d'enseignement, aucun élève n'est jamais venu lui
demander du travail supplémentaire. Il faut aussi accorder du temps personnel pour apprendre à se gérer, soi-même et son outil de travail. C'est un apprentissage nécessaire et durable. Freinet accorde de l'importance à la liberté au travail. Il affirme que c'est la pratique sociale de chaque individu qui doit être développée afin que chacun sache se comporter librement dans les diverses situations de la vie. Ferrière, un pédagogue genevois, incluait les activités personnelles de l'enfant dans ses trente (30) critères de l'éducation nouvelle. Il s'agit de favoriser le développement des compétences transversales telles l'autonomie, l'organisation et la méthodologie ainsi que le sens des responsabilités et le leadership (Ministère de l'éducation, L'école tout un programme). Dewey parle d'éducation démocratique où rien ne s'impose de l'extérieur mais se forme plutôt de l'intérieur de l'école à partir d'autodiscipline. Si l'enfant se déplace, c'est pour remplir une tâche : ses actes ont une raison d'être. Telle est l'essence de l'acte démocratique qui est expérience et reconstruction continue de l'expérience. Pour ce pédagogue, l'éducation doit développer les aptitudes de l'enfant afin qu'il continue sa propre éducation après avoir quitté l'école. Les activités de gestion du travail sont aussi importantes que le travail lui-même. Un temps doit être prévu pour ces activités de gestion autant pour l'enseignant (durant les pauses) autant pour les élèves (durant les périodes de classe). L'ordinateur est un stimulant, une source d'éparpillement de l'attention, mais également une source de motivation et d'intérêt. Il importe de varier les activités intellectuelles en l'occurrence durant les pauses, d'adopter de bonnes attitudes d'écoute et d'ouverture pour discuter du fonctionnement à suivre, de se munir des meilleurs outils de travail (TIC, papier-crayon, plan de cours, ordre du jour, tableau, discussion) selon les moments de l'apprentissage (accueil, ordre du jour, travail personnel, apprentissage de groupe, projet d'équipe) afin que chacun, enseignant et élèves, se sente à l'aise et concerné par le déroulement du cours qui est le sien, les orientations et les règles étant décidées et expliquées ensemble par l'enseignant et les élèves. ABRAMI, Philip C., CHAMBERS, Bette, POULSEN, Catherine, HOWDEN, James, d'APOLLONIA, Sylvia, DE SIMONE Christina, KASTELORIZIOS, Kiki, WAGNER, Diane et GLASHAN, Alexandra, Using Cooperative Learning, Montréal, Centre for the Study of Classroom Processes Education Departement, 1993, 294 pages. BOUMARD, Patrick, Célestin Freinet, Paris, Puf, (Pédagogues et pédagogies), 1996, 126 pages. CLARKE, Judy, WIDEMAN Ron, EADIE, Susan, Apprendre ensemble : l'apprentissage coopératif en groupes restreints, Montréal, Les Éditions de la Chenelière inc., 1992, 214 pages. DELEDALLE, Gérard, John Dewey, Paris, Puf, (Pédagogues et pédagogies), 1995, 128 pages. GRÉGOIRE inc., Réginald,
LAFERRIÈRE, Thérèse, Apprendre ensemble
par projet avec l'ordinateur en réseau, Réseau
scolaire canadien, 1998. HAYMORE SANDHOLTZ, Judith, RINGSTAFF, Cathy et DWYER, David C., La classe branchée. Enseigner à l'ère des technologies, Montréal, Chenelière/McGraw-Hill, chapitres 5 et 6 : " Une nouvelle définition des rôles " et " Le maintien de l'intérêt des élèves ", 1997, p.78-106. MEIRIEU, Philippe, Outils pour apprendre en groupes. Apprendre en groupes - 2. 6e édition, Lyon, Chronique Sociale, (Pédagogie Formation), 1996, 201 pages. Pour une bonne gestion de classe et une utilisation rationnelle u portable en classe et à la maison, par Gilles Grégoire, directeur adjoint à Protic, école Les Compagnons-de-Cartier, Sainte-Foy, dans la section Description du site www.protic.net/ aux pages 2,3 et 7. THOUSAND, Jacqueline S., VILLA, Richard A., NEVIN, Ann I., Creativity and Collaborative Learning. A practical guide to Empowering Students and Teachers, Baltimore, Paul H Brookes Publishing Co., 1994, 420 pages. VAYER, Pierre, colligé par Marthe Roy-Beaudin, La pratique du travail en groupes, Paris, Éditions Buchet/Chastel, (Pratiques nouvelles en éducation, collection dirigée par Pierre Vayer et le GIEIDE Québec), 1997, 135 pages. |