Lorsque des comportements sont trop distrayants
pour les autres élèves ou qu'ils présentent
des menaces, du danger ou une possibilité de destruction
du matériel, ils nécessitent une intervention plus
directe de la part de l'enseignant. À cet égard,
Redl et Wineman (1952) recommandent d'utiliser des techniques
dites de "manipulation antiseptique", c'est-à-dire
qui visent à intervenir lors d'une conduite inadmissible,
tout en évitant sa propagation. Trois techniques peuvent
être employées pour contrôler les comportements
dits de "surface", c'est-à-dire des comportements
assez anodins mais qui causent de la distraction ou du dérangement,
tels que parler à outrance, être inattentif ou se
disputer. Ces techniques sont faciles à appliquer tout
en s'avérant généralement efficaces. Ce
sont ignorer l'élève, utiliser l'intervention non
verbale et communiquer et entretenir les relations.
Rappeler les règlements de la
classe aux étudiants ainsi que les conséquences
Outre ces interventions verbales, il existe
l'approche centrée sur les conséquences logiques
selon laquelle l'enseignant amène l'élève
à réfléchir sur le choix de comportement
auquel il est confronté; l'enseignant lui dit "Tu
as le choix" et présente ensuite deux types de comportements
accompagnés de leurs conséquences. Cette méthode
donne à l'enseignant un rôle neutre plutôt
que punitif. Afin de prévoir des conséquences reliées
à l'inconduite, les enseignants devraient se poser les
questions suivantes:
- Quelle serait la conséquence logique
si l'inconduite était non contrôlée?
- Quels sont les effets directs de ce comportement
sur l'enseignant, sur les autres élèves et sur
l'élève lui-même?
- Que pourrait-il être fait pour
minimiser ces effets?
Utiliser une demande directe
Il s'agit d'une façon courtoise
de demander à l'étudiant d'arrêter l'inconduite
et de revenir à la tâche. Par exemple, "Isabelle,
s'il-te-plaît, cesse de jouer avec ta règle et continue
ton travail."
La méthode de Glasser (1969) consiste
à poser les trois questions suivantes: 1) Que fais-tu?
2) Est-ce contre les règlements? (ou: Qu'est-ce que ça
te donne?) 3) Qu'est-ce que tu devrais faire?
La modification systématique
des comportements
D'après Cangelosi, les stratégies
suivantes sont reliées aux principes de modification du
comportement. Il s'agit, entre autres, d'utiliser l'observation
systématique, laquelle consiste à prendre en note
l'émergence d'un comportement particulier. L'enseignant
peut aussi utiliser une combinaison de renforcements positifs
et négatifs de même que des punitions pour développer
ou éliminer certains comportements d'élèves.
Cet auteur préconise la mise en
place du principe d'extinction qui consiste à cesser de
procurer des renforcements positifs en vue d'amener l'élève
à arrêter l'inconduite. Si l'enseignant met en pratique
ce principe, il doit également présenter à
l'élève une alternative souhaitable en termes de
modèles de comportement. Il existe également le
principe du façonnement, lequel consiste à renforcer
de façon positive un comportement qui s'apparente à
celui que l'enseignant essaie d'encourager. En ce qui a trait
aux horaires de renforcement, on trouve deux modalités:
celui qui est formulé selon un horaire fixe (utilisé
surtout pour encourager les élèves à amorcer
un comportement) et celui qui se produit selon un horaire intermittent
(utilisé surtout pour encourager l'élève
à maintenir ce comportement).
Par ailleurs, l'utilisation des signaux
peut s'avérer efficace dans un contexte d'enseignement,
surtout lorsqu'il s'agit de signaux non verbaux. Aussi, on retrouve
les principes de généralisation et de discrimination;
le premier se rapporte à l'idée d'amener l'élève
à démontrer en classe un comportement qu'il démontre
déjà à la maison (par exemple, jeter ses
déchets dans un endroit approprié); quant au deuxième,
il s'agit d'amener l'élève à discriminer
entre ce qui est admis à la maison et ce qui ne l'est
pas à l'école (par exemple, le type de langage
employé). Finalement, Cangelosi expose les principes du
façonnement (modeler un comportement souhaitable tel qu'observé)
et de la satiété (permettre à un élève
d'employer un comportement peu approprié jusqu'à
ce qu'il en soit rassasié).
Les techniques de modification systématique
des comportements sont en général très efficaces
mais elles s'avèrent d'un emploi difficile dans la classe étant
donné que l'enseignant est seul. Aux programmes de modification
des comportements, on préfère de plus en plus l'apprentissage
des techniques d'auto-contrôle par l'élève.
Les punitions
D'après Jones et Jones, l'enseignant doit réagir
à l'inconduite des élèves en les encourageant à
participer et à être responsables. Cet auteur souligne
les désavantages des punitions.
- Puisque les écoles sont des institutions
éducatives, il semble contradictoire que les élèves
qui éprouvent des difficultés soient punis plutôt
qu'éduqués sur la façon de mieux se comporter.
- Les punitions semblent produire une inhibition
de l'apprentissage.
- Des recherches démontrent que
les punitions ne sont pas une méthode efficace pour changer
le comportement de l'élève.
- Les punitions amènent l'élève
à projeter le blâme sur les autres plutôt
que d'accepter la responsabilité de ses gestes.
- Utiliser des moyens tels que copier des
phrases ou faire des devoirs supplémentaires pour punir
l'élève peut créer chez celui-ci une attitude
négative à l'égard de ces matières.
De plus, une approche autoritaire de la
part de l'enseignant devient moins efficace lorsque les élèves
sont plus vieux. À cet égard, il est préférable
de travailler en collaboration avec les élèves
plutôt que de tenter de les contrôler.
La résolution de problèmes
Jones et Jones (1995) mettent l'accent
sur la résolution de problèmes. Ceux-ci affirment
que le jeu de rôles se prête bien à cette
approche. De plus, l'enseignant est convié à mettre
en pratique une série de stratégies avant de recourir
au retrait de l'élève de la classe. À cet
effet, l'enseignant doit se préparer à gérer
les conflits efficacement. Par ailleurs, si l'élève
affiche un des comportements suivants: arrêter de travailler,
refuser de parler, se montrer fâché, anxieux ou
déprimé, l'enseignant peut alors adopter les approches
suivantes:
- Utiliser l'écoute active;
- Utiliser le message-je;
- Offrir de l'aide;
- Offrir des options;
- Formuler les attentes de façon positive;
- Réviser les options et les conséquences
possibles et donner à l'élève le temps et l'espace
nécessaires pour faire un choix;
- Clarifier que l'élève doit
faire un choix.
L'approche mise de l'avant par Glasser
consiste à utiliser sept étapes précises
pour arriver à une discipline efficace.
- Être chaleureux et avoir une approche
personnalisée ainsi qu'être prêt à s'impliquer
de façon émotive;
- Composer avec un comportement spécifique
et actuel;
- Aider l'élève à poser un
jugement de valeurs à l'égard de son comportement;
- Mettre au point un plan pour changer le comportement;
- Faire en sorte que l'élève s'engage
à suivre le plan tel que convenu;
- Assurer un suivi pour vérifier si le
plan est efficace;
- Ne pas punir l'élève en
étant négatif ou sarcastique et ne pas accepter
des excuses si le comportement inadéquat continue.
La méthode de Glasser comporte les
trois avantages suivants. D'abord, la résolution de problèmes
peut être accomplie en peu de temps. Ensuite, le type de
procédure par étapes est facile à apprendre.
Finalement, le modèle répond aux besoins des élèves,
puisque ceux-ci sont impliqués activement dans un processus
de résolution de problèmes. Pour implanter le modèle
de Glasser, les enseignants peuvent utiliser les deux moyens
suivants, soit mettre l'accent sur une forme écrite de
résolution de problèmes, soit amener l'élève
à penser au problème en question en se mettant
en retrait afin de formuler un plan et de le partager oralement
par la suite. De plus, les dix activités suivantes servent
à enseigner la méthode de Glasser aux élèves.
- Remettre aux élèves une feuille,
écrire les étapes et les présenter à l'aide
du rétroprojecteur;
- Discuter de chacune des étapes et fournir
un exemple;
- Utiliser les jeux de rôle pour présenter
une inconduite d'un élève et ainsi l'encourager à
accepter la responsabilité pour son comportement;
- Mener une discussion à la suite de chaque
jeu de rôles;
- Effectuer un jeu de rôles en prenant le
rôle d'un élève et d'un enseignant de même
que simuler diverses situations;
- Traiter ces interactions;
- Présenter aux élèves un
exemple d'infraction à un règlement de classe et leur
demander d'écrire un plan de résolution de problèmes;
- Demander aux élèves d'évaluer
et de modifier les plans de comportement en les partageant avec les
autres et en s'entraidant;
- Établir un lien entre le processus de
résolution de problèmes et le plan de gestion de classe
ainsi que la différence entre un plan verbal et écrit;
- Questionner les élèves
sur les étapes du plan de gestion de classe ainsi que
sur la séquence.
Par ailleurs, ces auteurs soulignent qu'une
implication excessive de la part de l'enseignant pour résoudre
les conflits des élèves suggère qu'ils sont
incapables de les résoudre par eux-mêmes; par conséquent,
cette attitude incite les élèves à devenir
plus dépendants et affecte l'estime de soi ainsi que les
sentiments de compétence et de pouvoir. En outre, il existe
différents modes de résolution de problèmes
et une approche particulière traitant de gestion de conflits.
Pour ce qui est des méthodes de
résolution de problèmes en groupe, on préconise
la tenue de réunions de classe et ce, de façon
régulière. Ces réunions ont pour but de
permettre à l'enseignant et aux élèves de
résoudre leurs problèmes de façon ouverte
avant que ceux-ci ne deviennent des problèmes majeurs
qui nuisent à l'apprentissage. Pour implanter ces réunions
de classe, il semble opportun de garder en tête les lignes
directrices suivantes:
- Discuter du concept avec les élèves;
- S'asseoir en cercle;
- Tout problème se rapportant au groupe-classe
peut être discuté;
- Un ordre du jour doit être préparé
avant chaque réunion;
- Les discussions se déroulant au cours
des réunions de classe doivent viser une solution qui n'est
pas une punition. Le but des réunions est de trouver des solutions
positives à des problèmes sans critiquer les personnes
de la classe;
- Les affirmations des élèves doivent
être centrées sur leur comportement et présentées
selon un message-je;
- Les responsabilités de élèves
sont de:
a. lever la main
b. écouter les autres
c. se concentrer sur le même sujet
d. partager ses idées avec les autres
afin d'aider le groupe;
- L'enseignant a le rôle de facilitateur;
- L'enseignant peut aussi montrer aux élèves
comment animer des réunions de classe.
L'analyse écologique d'un comportement
dérangeant
Il existe certains problèmes de
comportement dont la persistance et la sévérité
requièrent des interventions plus intensives. À
cet égard, il faut d'abord étudier le comportement
à la lumière du contexte dans lequel il se produit.
Zabel et Zabel (1995) réfèrent à deux thèmes
en ce qui a trait à une approche créative de gestion
de classe: la classe en tant qu'écosystème et l'enseignant
en tant qu'agent de résolution de problèmes. Ces
thèmes font partie de l'analyse écologique du comportement
dont la procédure vise l'identification des renseignements
clés concernant les causes, les facteurs et les solutions
possibles reliés au problème. Une analyse écologique
consiste, d'abord, à décrire le problème
de comportement et, ensuite, à répondre aux questions
suivantes:
- Où est-ce que le problème
se produit?
- Quand se produit-il ?
- À quelle fréquence se produit-il
?
- Selon quelles conditions se produit-il?
- Comment est-ce que ce comportement affecte
les autres aspects de la classe et de l'environnement scolaire
?