Une « école
associée » n'est pas seulement un lieu où
l'on permet à de futurs enseignants ou enseignantes d'effectuer
sous supervision leur initiation à la pratique de l'enseignement.
C'est une école, primaire ou secondaire, qui, en tant que
telle, est partie prenante dans la formation professionnelle de
futurs enseignantes et enseignants; dans le cadre d'une entente
formelle avec une université, elle assume une collaboration
avec celle-ci, une responsabilité propre dans l'orientation,
l'organisation, le déroulement et l'évaluation de
cette formation. La relation entre une université et une
école qu'évoque le terme « associée
» est donc à la fois, dans son fondement même,
structurelle et pédagogique.
Par ailleurs, dans le cadre du présent projet et du présent
sous-thème, le terme « télé-apprentissage
» renvoie à un acquis personnel qui se construit
en tirant notamment parti d'un ensemble de médias technologiques
définis comme complémentaires et reliés à
divers réseaux. En l'occurrence, ces réseaux technologiques
s'étendent bien au-delà d'une école et d'une
université particulière et ont nécessairement,
parmi leurs membres actifs, des enseignants, des enseignantes,
des élèves, des stagiaires et d'autres personnes-ressources.
Quant au savoir de référence en cause, il s'agit
essentiellement des connaissances et des habiletés, aussi
bien pratiques qu'intellectuelles, que les stagiaires sont appelé-e-s
à maîtriser pour accomplir les tâches et remplir
les fonctions que l'on attend d'elles et d'eux dans l'avenir,
au demeurant un avenir très proche.
L'association école-université,
dans le sens ci-haut défini, et l'utilisation intensive,
à l'intérieur de l'école et à des
fins immédiates d'apprentissage, de médias technologiques
connectés sur de vastes réseaux crée, pour
la formation des stagiaires en enseignement, une situation très
différente de celle que l'on connaît généralement.
En conséquence, si l'on veut qu'une telle association réussisse,
il s'impose de bien circonscrire les conditions qui permettront
aux stagiaires d'atteindre les objectifs d'apprentissage que leur
contact avec la réalité de l'enseignement est censé
leur procurer.
À ce stade de projet, les conditions de réussite
formulées ci-après doivent être considérées
comme des hypothèses de travail seulement. L'expérimentation
effectuée au cours des deux prochaines années environ
permettra de vérifier la pertinence, l'importance relative
et l'exhaustivité de ces conditions .
Les cinq conditions retenues ont respectivement comme axe la relation
des personnes concernées, et surtout des stagiaires, avec:
a) la technologie
b) la nature des apprentissages à
maîtriser
c) le contexte humain de l'apprentissage
d) l'évaluation des apprentissages
et
e)
certains éléments particuliers de fonctionnement
a) La
relation avec la technologie
L'utilisation que les
élèves, leurs enseignants et enseignantes, les stagiaires,
leurs superviseur-e-s, professeur-e-s et les autres personnes
concernées feront des médias technologiques sera
intensive, diversifiée et inventive. Chacune des catégories
de personnes en cause se tournera donc vers ces médias
pour avoir accès à de l'information, effectuer divers
travaux et faire part à d'autres de ses propres apprentissages
ou interrogations. On échangera des textes, mais aussi
des schémas, des graphiques et d'autres types de messages
visuels. L'ensemble de ces communications (entre élèves,
entre écoles, entre stagiaires rattaché-e-s à
des écoles différentes, entre stagiaires, professeur-e-s,
chargé-e-s ou responsables de formation pratique, etc.)
se feront dans une optique de complémentarité et
de participation commune à un savoir en continuelle transformation.
Pour que cette relation substantiellement inédite avec
les médias technologiques d'aujourd'hui se révèle
féconde, il faudra évidemment prévoir, à
l'intention de toutes les personnes concernées, du temps
pour une initiation systématique et un apprivoisement progressif
(voir les projets 7.2, 7.3 et 7.4).
b) La nature des apprentissages
Le savoir qui fera l'objet
de télé-apprentissage constituera un vrai défi.
D'une manière générale, les apprentissages
effectués prendront forme et sens à travers des
itinéraires ou des projets qui auront une certaine ampleur
et exigeront la maîtrise d'une gamme diversifiée
de connaissances, entre autres, de connaissances fondamentales
et des habiletés de tout niveau.
Par la force des choses, il faudra revoir peu à peu la
plupart des programmes d'études destinés aux élèves
et des programmes de formation destinés aux stagiaires
en enseignement. Les programmes devront mettre en relief les nouveaux
besoins, ainsi que les questions auxquelles ils répondent,
qui justifient l'intégration des nouvelles technologies
de l'information et de la communication (NTIC), de manière
à susciter une complémentarité entre les
disciplines et les champs d'études, ou les matières,
qui en font partie et à favoriser une jonction stimulante
et perçue comme nécessaire entre des concepts et
des cadres de référence abstraits et les données
ou les exigences du réel. Dans la ligne de ce dernier objectif,
on favorisera d'ailleurs chez les stagiaires une réflexion
critique à partir de leur activité même d'étudiant-e
dans une université et de stagiaire dans une école.
c) Le contexte humain de l'apprentissage
Le contexte d'apprentissage
en sera un où chacune des personnes concernées assume
la responsabilité de son cheminement
d'apprentissage, mais où elle reçoit aussi un soutien
important de la part des autres apprenants et apprenantes et participe
tantôt à la découverte, tantôt à
l'élaboration d'un savoir qui la dépasse. La coopération
entre les personnes sera au centre des préoccupations.
L'envergure et la complexité des apprentissages à
maîtriser devraient favoriser cette coopération,
mais il sera également nécessaire, sans doute, de
mettre au point des prouesses et des méthodes de travail
qui la renforcent et en font ressortir les atouts.
L'enseignement devient aujourd'hui une activité de plus
en plus collective ; dans le cadre d'un système de télé-apprentissage,
l'évolution en cours dans ce sens s'esquisse encore plus
frappante. C'est à affronter une telle situation que doivent
se préparer les stagiaires. Leur formation doit inclure
des activités d'apprentissage coopératif. Mais la
classe n'est que l'un des lieux où elles et ils auront
à agir; être enseignant ou enseignante, ce sera aussi,
de plus en plus, être capable d'intervenir avec compétence
au niveau de l'école dont fait partie sa classe, à
l'intérieur de l'institution scolaire et d'autres institutions
sociales et au sein de sa profession.
d) L'évaluation des apprentissages
L'évaluation des
apprentissages, qu'elle soit diagnostique, formative ou sommative,
sera cohérente avec ce qui est souhaité comme cheminement
d'apprentissage et comme apprentissage terminal. On accordera
donc clairement la priorité à la maîtrise
des connaissances et des habiletés (plutôt qu'à
la simple mémorisation et à la capacité de
faire un peu de tout), on misera sur les possibilités qu'offrent
les médias technologiques, on portera attention au parcours
d'itinéraires ou à la réalisation de projets
d'une certaine complexité et ampleur et on tiendra compte
à la fois d'une appropriation personnelle et d'une participation
à une oeuvre collective.
e) Éléments particuliers de fonctionnement
Le fait de développer
de concert des écoles associées et des systèmes
de télé-apprentissage crée une double dynamique
de changement dans la formation des futurs enseignants et enseignantes.
Par voie de conséquence, la prise en compte des changements
qui se produiraient effectivement devient une autre des conditions
requises pour que soit atteint l'apprentissage souhaité.
D'ores et déjà, on peut commencer à cerner
certains de ces changements et à en tirer les conséquences.
Les transformations les plus évidentes -- et vraisemblablement
les plus considérables-- touchent la répartition
du temps et la détermination de l'espace -- ou du lieu
-- de la formation. Ainsi, le temps consacré par un-e enseignant-e
en formation à écouter un enseignement magistral
ou à préparer un tel enseignement est appelé
à être remplacé partiellement par des travaux
en équipe avec d'autres stagiaires ou des enseignant-e-s
d'expérience, la supervision d'élèves travaillant
avec un ordinateur ou la production de matériel didactique.
Aussi, l'accent mis sur la réalisation de projets et la
coopération entre apprenant-e-s implique l'aménagement
d'horaires beaucoup plus souples. Quant au lieu de la formation,
il devient moins rigide. Des médias technologiques permettent,
même à partir de son domicile, d'avoir accès
à une documentation abondante (en voie d'élaboration)
et de participer activement à des travaux de groupe. Par
ailleurs, la nécessité, pour les futurs enseignants
et enseignantes, d'apprendre à résoudre avec d'autres
personnes des problèmes réels et à découvrir
concrètement les multiples dimensions de la profession
enseignante rend quasi indispensable la disponibilité,
à l'intérieur de l'école associée
elle-même, d'un local réservé.
Documents à explorer non cités dans le projet
original (en langue anglaise)
- Les numéros
spéciaux sur la technologie dans l'éducation d'avril
1994 et d'octobre 1995 de la revue Educational Leadership.
- Le volume 94 de la National Society for the Study of Education
(Chicago): Jeannie Oakes and Karen Hunter Quartz. Creating
New Educational Communities. 1995.
- Peut-être aussi: David K.Cohen, Milbrey W.McLaughlin and
Joan E.Talbert (eds.). Teaching for Understanding. Challenges
for Policy and Practice. San Francisco: Jossey-Bass. 1993.
Équipe Télé-apprentissage 7.1, Laval
R. Grégoire, rédacteur
31 janvier 1996
Productions Tact
20 mars 1997