L'enseignant
hésitant : « Ouais, intéressant, mais... »
L'enseignant hésitant, c'est l'avocat
du diable. C'est celui qui lira le texte sur l'enseignant
enthousiaste en disant : « Oui, je suis d'accord avec ce point-là,
mais... ». En fait, ce type d'enseignant n'est pas foncièrement
contre le Web et les visites virtuelles, mais son scepticisme par rapport aux
apports et à l'utilité de ceux-ci font qu'il ne fera pas de visite
virtuelle en bout de ligne. Il jettera cependant un regard admiratif sur ceux
qui ont le courage de s'y lancer.
Cher collègue
qui vacille sans trop savoir quelle décision prendre, je vous servirai
essentiellement les mêmes arguments qu'à l'enseignant enthousiaste
: la visite virtuelle permet de cerner les processus de pensée et les comportements
des élèves en situation de résolution de problème.
Elle permet aussi de faire participer les élèves à leur propre
objectivation, ce qui les entraîne vers des comportements de nature métacognitive.
Ultimement, une visite virtuelle, avec tout le recul que cela impose, a avantage
à être réinvestie dans ses projets futurs et peut inspirer
d'autres enseignants. Je crois que ce qui effraie ceux qui hésitent, c'est
davantage l'ampleur de la tâche à accomplir que le doute quant à
son utilité. Comme j'ai fait une visite virtuelle, je crois être
en mesure de vous donne! r quelques conseils qui pourraient vous aider à
dissiper vos craintes.
D'abord, je crois qu'il
ne faut pas se préoccuper de l'aspect technique dès le départ.
Si l'on se demande comment faire une superbe page Web avant même d'avoir
défini le contenu de la visite, on produira sans doute un squelette sans
chair. Une fois que l'activité ciblée pour être « virtualisée »
est clairement définie, il faut se poser des questions de base : quelles
étaient les compétences visées par l'activité ou le
projet? sur quelles théories de l'apprentissage repose ma pédagogie?
à qui s'adresse la visite virtuelle? quels sont les moyens (textes, images,
animations, séquences vidéo, etc.) que je veux prendre pour bien
rendre le contenu de ma visite? quelles ressources humaines et matérielles
pourraient m'aider à faire ma visite? etc. En fait, il faut simplement
bâtir le ! plan de sa visite avant d'en commencer la conception. C'est du
moins le chemin que j'ai emprunté.
Je
crois qu'il serait ensuite bon de soumettre les idées trouvées aux
élèves. Ceux-ci pourraient les nuancer, les corroborer ou les contester,
ce qui vous forcera à vous questionner à nouveau sur vos « certitudes ».
La deuxième version du « cadre » de la visite sera
alors plus complète et beaucoup plus réaliste que la version préliminaire.
Pourquoi ne pas demander à vos collègues leur avis? Dans votre entourage,
il y a sans doute d'autres enseignants qui ont un quelconque intérêt
envers les visites virtuelles; leur point de vue aurait avantage à être
écouté.
Maintenant que l'organisation
du contenu de la visite est assez clair dans votre tête, il faut recueillir
toutes les images et, idéalement, les séquences vidéo qui
l'enrichiront. À cette étape, il faut recourir à des collègues
et des experts si vous n'êtes pas familier avec les captures d'écran
(pour prendre des images du travail de vos élèves) et le montage
vidéo (qui montreront vos élèves en train de travailler,
par exemple). Il faut avoir les ressources technologiques appropriées pour
pouvoir mettre cette étape à exécution : un bon logiciel
de traitement d'images (Adobe PhotoShop et Paint Shop Pro sont les
meilleurs), une caméra 8 mm ou digitale qui peut se brancher sur un ordinateur,
et un logiciel de montage vidéo (iMovie est efficace et facile à
utiliser). Avec un peu ! d'efforts, vous pourrez sans doute trouver ces ressources
dans votre école ou votre commission scolaire; une fois que vous les aurez,
vous ne pourrez plus vous en passer pour vos projets en classe!
Lorsque
vous avez tout le matériel en main, il est temps de concevoir les pages
Web qui composeront votre visite. Le troisième conseil que j'ai donné
dans le texte L'enseignant enthousiaste vous
sera utile à cet égard. Ce qu'il faut savoir ici, c'est que vous
n'avez pas, du moins au début, à faire une page Web sophistiquée
et complexe : des pages simples réalisées avec des logiciels tels
que Microsoft FrontPage ou Adobe GoLive feront l'affaire. Cependant,
je suis convaincu qu'un de vos collègues ou, encore mieux, un de vos élèves
a déjà conçu un ou plusieurs sites Web. Ceux-ci sauront vous
aider à passer progressivement d'un site de base à un site très
beau et attrayant pour l'utilisateur (« user-friendly »).
Ces mêmes collègu! es pourront aussi vous renseigner sur la procédure
à suivre pour envoyer vos fichiers sur le Web en utilisant un programme
FTP (pour File Transfer Protocol) et sur ce qu'il faut faire pour référencer
votre site dans les moteurs de recherche du Web (comme Yahoo, AltaVista
et La toile du Québec, par exemple).
La
toute dernière étape est de tenir compte des remarques des visiteurs.
N'oubliez pas de laisser votre adresse de courriel bien en vue tout au long de
votre visite : les visiteurs pourront ainsi vous transmettre leurs questions,
leurs remarques et leurs commentaires. Avec le temps, cela vous permettra d'enrichir
votre visite pour la rendre plus complète et plus riche sur le plan pédagogique.
Allez, un petit effort! Il faut réussir
à se convaincre de commencer, mais une fois que l'on a débuté
la conception de notre visite virtuelle, on s'aperçoit que c'est une excellente
façon d'élever sa réflexion pédagogique à un
niveau métacognitif très intéressant. Relisez le texte consacré
à l'enseignant enthousiaste pour vous en convaincre...