ÉCOLES ET NTIC RÉSUMÉ

1. MISE EN CONTEXTE
Le présent document est destiné aux directeurs et directrices d'école [1] et, plus largement, aux équipes-écoles. Il vise à les aider à saisir les conséquences possibles et, plus encore, la contribution souhaitable à l'enseignement et à l'apprentissage de l'implantation accélérée dans les écoles, au cours des prochaines années, des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) et à leur fournir des points de repère qui leur facilitent, face à cette évolution, l'adoption d'une attitude et de mesures appropriées.

Le succès de cette évolution repose, en fin de compte, sur l'investissement personnel de chacun des membres de l'équipe-école, selon sa fonction, et l'investissement collectif de chaque équipe agissant dans le cadre d'un plan pensé, accepté et contrôlé par une forte majorité de ces membres et de ces équipes. On reconnaîtra ce succès au fait que les technologies disponibles évoluent en même temps que le personnel concerné se forme, que l'usage que l'on fait des nouvelles technologies devient sans cesse plus pertinent et plus efficace et que le personnel de l'école se définit de plus en plus comme une communauté d'apprenants et d'apprenantes.

2. RÉFLEXION ET ORIENTATION : ASPECTS ÉDUCATIF ET TECHNOLOGIQUE

Le secteur des NTIC est traversé par un dynamisme envahissant. L'usager et l'usagère sont confrontés à un rythme effréné de mise en marché de produits inédits. Le climat qui en résulte peut facilement engendrer un sentiment de confusion et inspirer des choix inconsidérés. Pour se prémunir contre ces risques et asseoir sur des bases solides le programme d'implantation des NTIC envisagé, on trouvera sans doute profit à se remettre en tête, dans une optique d'action, les idées et les considérations suivantes.

2.1 La mission éducative avant tout

La mission éducative doit demeurer l'objectif central. Le développement que l'on veut lui donner fournit l'ensemble des balises à partir desquelles les décisions d'investissement et de formation relatives aux NTIC devraient se prendre et le chemin accompli se mesurer. Pour de multiples raisons (interactivité, capacité de favoriser un apprentissage autonome et respectueux du rythme de chaque personne et un élargissement culturel, réseautage, etc.), les NTIC constituent un outil incontournable de l'école de demain. Cependant, un outil demeure un outil. Les NTIC ne sauraient se substituer à la richesse de l'authentique contact humain.

2.2 Maîtriser l'outil : le connaître et le comprendre

Pour s'approprier les NTIC et en tirer tout le profit possible, les usagers devront accepter d'y consacrer du temps. La formation acquise, si elle est d'excellente qualité, leur permettra de poursuivre par eux-mêmes leur apprentissage. Cette formation aura nécessairement une composante technique, mais s'intéressera davantage à l'apport possible de l'outil informatique, seul ou en combinaison avec des ressources plus traditionnelles, dans l'acte d'apprentissage et dans diverses activités d'apprentissage. La sous-section 4.2 revient plus longuement sur ce point.

2.3 Un écueil à éviter

Il serait extrêmement dangereux de voir la conjoncture actuelle seulement comme une occasion de procéder à l'achat d'équipement, en se contentant par la suite de transposer à l'école le mode de fonctionnement informatique que la plupart des usagers connaissent dans d'autres milieux. En fait, l'avènement des NTIC introduit un changement majeur, un autre paradigme. On ne saurait trop insister sur le fait que, sur le plan technique comme sur celui de la mission éducative de l'école, le programme actuel d'implantation des NTIC dans le système scolaire ne pourra réussir que dans la mesure où les intervenants et les intervenantes-clés, notamment les enseignants et les enseignantes, auront acquis une vision systémique des technologies en cause.

2.4 Une vision des NTIC : d'abord un message de collaboration et de partage

Au fil des 15 dernières années, on est progressivement passé de l'ère de l'informatique centralisée à celle de l'informatique individuelle. Avec l'ordinateur personnel, le rapport entre l'usager et la machine est devenu immédiat. Ce rapport, enrichi par ailleurs par la convivialité des interfaces personne-machines, est cependant, le plus souvent, demeuré pauvre, étant donné la sous-utilisation que l'on a faite de la machine.

L'avènement des plus récentes technologies modifie radicalement le mode d'utilisation solitaire. L'outil informatique et l'interface personne-machine subsistent, mais ils sont désormais intégrés dans un mode de communication qui facilite les échanges de vues et suscite la collaboration. L'usager devient membre d'une communauté, ou même de plusieurs communautés. Ce nouveau médium que constitue la fusion des ressources de l'informatique et des télécommunications invite de lui-même à la mise en commun et favorise l'émergence d'une "intelligence collective". Bien exploitée, la contribution des NTIC à l'ouverture culturelle et au développement de valeurs altruistes pourrait donc s'avérer considérable, en particulier dans le cadre de la mission éducative de l'école.

2.5 Transformer le retard technologique en occasion

Avec une vision stratégique appropriée, le retard comparatif du Québec en ce qui concerne l'introduction de l'ordinateur dans l'école pourrait se transformer en avantage. En effet, dans la plupart des écoles, on n'a pas à tenir compte, dans l'élaboration d'un plan, de contraintes associées au maintien d'installations qui, non pas tant en raison de leur vieillissement que de leur inadaptation à une utilisation en réseau, sont devenues désuètes. Avec l'avènement des NTIC, c'est en effet le réseau qui devient l'assise fondamentale et il est généralement très difficile d'adapter à ses exigences d'anciennes installations. Ce n'est donc pas d'abord en achetant des ordinateurs, même puissants, que les écoles du Québec rattraperont leur retard, mais en adoptant, pour ceux qu'ils achètent, une architecture réseau appropriée.

2.6 Penser "réseau", plutôt qu'"ordinateur"

De la même façon qu'un plan d'urbanisme précède la construction des bâtiments, l'architecture réseau d'une ressource informatique constitue la première préoccupation d'une démarche visant à introduire des ordinateurs dans une école. Cette préoccupation doit trouver place au tout début de la phase de planification. Dans ce domaine, le fait de bien faire les choses au point de départ est un gage de bénéfices récurrents. Un réseau capable d'intégrer progressivement une gamme étendue de ressources, idéalement de manière invisible pour l'usager ultime, assure une valeur optimale à l'investissement consenti.

3. PERSPECTIVE DE DÉVELOPPEMENT à DEUX NIVEAUX : PÉDAGOGIQUE ET TECHNOLOGIQUE

Aujourd'hui, l'acte d'apprendre doit être conçu comme une activité ouverte à tous les membres d'une collectivité, autant pour leur propre dépassement que pour celui de leur communauté d'appartenance. La révision en cours des modes de transmission et d'acquisition des connaissances à l'aide des NTIC survient donc à point.

Dans ce contexte, le rôle de l'équipe-école est de toute première importance. Avant même de procéder à l'achat massif d'ordinateurs et à leur mise en réseau, il importe de se donner une vision aussi claire que possible de l'école souhaitée. Cette vision portera en particulier sur les objectifs pédagogiques à atteindre et sur les moyens et les stratégies à mettre en oeuvre à cette fin.

3.1 Vers une école qui enrichit sa pédagogie par l'intégration des NTIC

Pour le moment, le branchement des écoles sur le réseau Internet sert surtout à des fins d'information et de communication. Ici et là toutefois, d'autres possibilités pointent à l'horizon; ainsi, des enseignants et des élèves se servent de la téléprésence pour enrichir l'interaction sociale, voire, à l'occasion, la remplacer.

Choisir de brancher son école, c'est amorcer une profonde transformation de l'environnement d'apprentissage des élèves et des modes de fonctionnement des adultes qui y travaillent. La poursuite de cette transformation dépendra de la volonté des personnes concernées de consacrer le temps requis à la résolution des problèmes d'intégration qui se posent à divers niveaux, notamment ceux qui, à un premier niveau, concernent les équipements, le choix des programmes, les installations physiques et les partenariats, à un second la pédagogie et, à un troisième, la réalisation de projets qui débouchent sur des productions électroniques originales.

3.2 Degré projeté d'implantation et d'utilisation des NTIC dans l'école

Pour décider de ce degré d'implantation et d'utilisation, l'équipe-école se posera, par exemple, les questions suivantes : quels arrangements favoriseront la meilleure utilisation possible des ressources de l'école et l'exploitation des ressources disponibles dans le quartier ou la région et dans d'autres systèmes éducatifs? Quel plan de formation soutiendra le développement professionnel des enseignants en matière d'intégration des NTIC et le développement d'une culture de collaboration au sein de l'école? On se rappellera aussi que, selon diverses études effectuées sur l'apport du micro-ordinateur dans le système scolaire, les pratiques pédagogiques les plus efficaces sont celles où l'enseignant joue, dans la salle de classe, un rôle déterminant (quoique différent de son rôle traditionnel) et où les élèves ont fréquemment l'occasion de questionner, d'explorer, de découvrir, d'approfondir, de proposer des explications et des solutions et de créer et agissent en fonction de ce qu'ils ont appris.

4. COMMENT AGIR SELON CETTE PERSPECTIVE?

Dans la mise en oeuvre d'une action, on tiendra compte plus particulièrement des cinq aspects suivants : les modes d'intégration des NTIC dans une école, le développement professionnel des enseignants et des enseignantes, les caractéristiques des nouvelles technologies, les activités possibles et la stratégie générale à déployer.

4.1 Les modes d'intégration dans une école

Concrètement, on peut envisager de diverses façons l'intégration progressive et l'utilisation des NTIC dans une école. On peut, par exemple, imaginer une intégration qui s'opérerait en quatre phases, chacune correspondant à un mode de fonctionnement différent avec les NTIC et à un degré donné de développement de l'infrastructure technologique requise. Selon la phase en cours, on parlera de laboratoire, de classe traditionnelle, de classe-laboratoire et de classe-atelier.

• Le laboratoire : sous la direction d'un enseignant familier avec les ressources de l'informatique, les élèves s'initient, individuellement ou en groupe de deux ou trois, à l'utilisation des NTIC dans un laboratoire bien équipé et relié à des réseaux.
• La classe traditionnelle : l'enseignant se sert d'un ou de quelques micro-ordinateurs en réseau pour appuyer certaines activités d'enseignement (illustrer un concept ou effectuer une démonstration, par exemple). À tour de rôle, les élèves, individuellement ou en petits groupes, effectuent aussi eux-mêmes des exercices variés.
• La classe-laboratoire : les groupes-classes se succèdent dans un local spécialement aménagé afin de réaliser des activités d'apprentissage planifiées à l'avance. Alors que, dans les deux situations précédentes, l'accès aux ressources des NTIC est sous le contrôle de l'enseignant, il est, dans le cas de la classe-laboratoire, seulement coordonné et supervisé.
• La classe-atelier : plusieurs micro-ordinateurs en réseau servent à la réalisation d'activités d'apprentissage. Les exposés magistraux n'occupent pas plus que le tiers du temps de la classe. Un autre tiers du temps -- ou un peu plus -- est centré sur la conduite de projets où les élèves, en partie de leur propre initiative, font largement appel à une large gamme des ressources des NTIC. Enfin, durant le dernier tiers du temps, les élèves planifient des activités, présentent les résultats de leurs projets ou effectuent un retour sur une démarche et son aboutissement.

Cette sous-section met de l'avant, à l'intention des enseignants et des enseignantes, un modèle général de développement professionnel qui vise à répondre aux exigences de formation que pose l'intégration des NTIC dans l'école. Ce modèle se caractérise notamment par le champ croissant d'intervention qu'il ouvre à l'enseignant et à l'élève au fur et à mesure qu'ils parviennent à un degré plus poussé de maîtrise de ces technologies.

Ce modèle vise le développement de l'autonomie des personnes et celui des communautés auxquelles ces personnes appartiennent. Pour ces fins, la disponibilité d'ordinateurs en réseau est perçue comme indispensable, mais leur intégration effective dans l'école et dans la classe dépend dans une large mesure de la rencontre qui se produira entre l'imagination des concepteurs et celle des usagers. Pour un, le rôle de l'enseignant sera d'autant plus déterminant qu'il considérera les NTIC comme des moyens lui permettant de mieux remplir ses responsabilités pédagogiques et d'atteindre les buts qu'il s'est fixés.

L'isolement qui, traditionnellement, sépare les enseignants pourra être rompu lorsqu'ils disposeront, pour communiquer entre eux, d'un moyen souple et efficace qui laissera des traces écrites. L'installation de réseaux électroniques doit donc répondre à des objectifs de dialogue et d'entraide aussi bien pour les enseignants que pour les élèves.

Dans le modèle exposé ci-après, les fonctions d'information, de communication et d'entraide ou de collaboration mutuelle que sont en mesure de remplir les NTIC sont d'abord présentées comme des moyens pour améliorer l'acte d'enseignement, puis celui d'apprendre, de s'informer, de communiquer et, enfin, de collaborer à une oeuvre commune plus large.

Le modèle proposé, qui s'inspire d'une perspective de formation continue, comprend six phases. La première et la troisième sont centrées sur l'importance et les potentialités des NTIC, la deuxième et la quatrième sur la maîtrise de l'accès aux ressources des NTIC et aux conséquences de leur utilisation pour la gestion de la classe et les cinquième et sixième sur la préparation à une exploitation optimale des ressources des NTIC. Étant donné que, tel que déjà mentionné, l'utilisation des NTIC a des implications proprement pédagogiques aussi bien que technologiques, le plan concret de perfectionnement mis au point comprendra, à côté de sessions de formation portant sur les équipements, les réseaux et les logiciels, d'autres sessions ayant pour thèmes l'une ou l'autre composante d'une pédagogie renouvelée. Pour la réalisation de ce perfectionnement, on privilégiera le partenariat (entre écoles et avec d'autres établissements ou organismes) et une approche coopérative.

Phase I : Initiation au phénomène des réseaux

Il importe d'aider l'enseignant à découvrir l'ampleur que revêt en ce moment, dans l'ensemble de la société, la croissance du réseau Internet et de réseaux locaux Intranet, les principales caractéristiques de ces réseaux et les conséquences éventuelles du nouveau contexte ainsi créé, en particulier sur la relation des élèves avec la connaissance et son propre rôle comme enseignant.

Phase II : Maîtrise de l'accès aux ressources des réseaux

Pour préparer l'enseignant à faire appel à un ordinateur branché sur des réseaux pour obtenir de la documentation pour son enseignement, planifier des activités d'apprentissage ou parfaire sa formation, on lui apprendra à accéder aux ressources de ces réseaux et à en faire le tri, de même qu'à les utiliser pour communiquer avec d'autres personnes et créer des documents originaux.

Phase III : Exploration et découverte de nouvelles possibilités pour l'apprentissage et l'enseignement

Avec la mise en réseau d'ordinateurs, c'est tout un champ de possibilités qui s'ouvre à l'enseignant. Sans pour autant lui imposer comme préalable la maîtrise des programmes de base (traitement de texte, tableurs, etc.), on lui fournira l'occasion d'explorer ces possibilités. On lui montrera, par exemple, comment le W3 peut susciter un apprentissage plus actif de la part des élèves et plus proche de leur état réel de développement, de même que stimuler la dimension sociale de l'apprentissage et un travail effectué en collaboration. On lui indiquera également les risques associés à l'utilisation du réseau Internet, en particulier en ce qui concerne le caractère pernicieux ou fallacieux de certains documents.

Phase IV : Choix et maintien de nouvelles routines de gestion

L'usage soutenu de NTIC au sein de l'école et de la classe implique une transformation des modes de gestion pratiqués par l'enseignant. Cette transformation concerne aussi bien l'aménagement du temps que de l'espace. Ainsi, par exemple, la préoccupation pour le maintien de l'ordre inclura désormais la manière dont les élèves occupent et se répartissent "l'espace virtuel partagé" que le système informatique met à leur disposition.

En conséquence, l'enseignant apprendra notamment à gérer le temps d'utilisation de l'ordinateur en classe; à composer avec les problèmes de discipline que cette activité soulève; à choisir des logiciels en s'appuyant sur des principes de design de l'enseignement, ainsi que sur les besoins et les caractéristiques de ses élèves; à établir des liens appropriés entre ces logiciels et les programmes d'études et à promouvoir chez ses élèves un comportement conforme aux exigences légales et éthiques propres aux réseaux informatiques actuels.

Phase V : Apprentissage par projets

L'utilisation à un certain degré des NTIC incite fortement à opter pour un fonctionnement, au moins partiel, à partir de projets. Celui-ci a des conséquences sérieuses sur la manière dont l'enseignant, tout comme l'élève, emploie son temps. Son rôle se modi- fie : il devient davantage un coordonnateur ou un guide. Il doit dès lors apprendre à planifier, à réaliser et à évaluer des projets avec ses élèves; à privilégier un apprentissage situé dans un contexte ou structuré autour de problèmes ou de thèmes, tout en respectant les objectifs des programmes d'études, et à mettre en oeuvre des stratégies d'enseignement et d'apprentissage qui favorisent un haut degré de participation chez les élèves, et ce tout en continuant à répondre aux exigences et aux normes de la société concernant le fonctionnement et les résultats d'une école.

Phase VI : Collaboration à l'élaboration des connaissances

À une étape plus avancée dans l'utilisation des NTIC à des fins d'enseignement, la préoccupation de favoriser l'autonomie intellectuelle des élèves et le goût d'un apprentissage qui se poursuit tout au long de la vie occupe une place de plus en plus centrale. Aussi, les apprentissages à faire et les problèmes à résoudre devenant de plus en plus complexes, le travail d'équipe s'impose désormais comme une nécessité. Une notion relativement nouvelle, celle de communauté d'apprentissage, commence alors à prendre un sens concret. Dans une telle communauté, élèves et enseignant s'intéressent à un même champ du savoir et apprennent les uns des autres. Le développement professionnel de l'enseignant requiert, en conséquence, la maîtrise de logiciels qui soutiennent un apprentissage effectué en collaboration et une préparation à des attentes de plus en plus fortes.

4.3 Caractéristiques des nouvelles technologies

Une utilisation scolaire intelligente des NTIC repose en premier lieu sur l'engagement et les attitudes des personnes concernées, de même que sur la vision mise de l'avant et le leadership exercé. Toutefois, pour que la vision anticipée devienne réalité, les dimensions technologiques sont également essentielles. Elles sont ici abordées sous trois aspects : le réseau, les machines et les logiciels.

4.3.1 Le réseau

Le réseau constitue l'armature fondamentale. C'est grâce à lui que la distance géographique disparaît, que l'accès aux contenus devient à portée de main et que peuvent s'entraider des groupes de personnes qui partagent un intérêt commun.

Il est fortement recommandé d'intégrer les réseaux Intranet et Internet et de faire coexister les fonctions pédagogiques et administratives. Pour composer avec les problèmes de sécurité, il existe des moyens autres que la séparation des réseaux.

Sur un plan logique, dans un réseau bien structuré, l'usager perçoit, derrière son écran, son clavier et sa souris, un environnement unifié. C'est à travers cet environnement que transitent toutes les données.

Sur le plan physique, ce réseau repose sur un ensemble relativement complexe : câblage local, cartes d'interface, un ou plusieurs serveurs, raccord à un fournisseur de connectivité, procédures de gestion, mesures de sécurité, etc. Les facteurs à harmoniser sont aussi particulièrement nombreux : choix du matériel, coûts d'investissement et de fonctionnement, partage des responsabilités, besoins et expérience des éventuels usagers, capacité d'évolution des infrastructures, etc. La démarche qui transforme le matériel physique en vrai réseau logique est, en fait, au coeur du dossier d'implantation des NTIC en milieu scolaire. C'est d'autant plus le cas que la qualité du système relève davantage de l'intégration de ses éléments au service d'une vision claire de son utilisation que des équipements eux-mêmes.

Chaque situation a ses particularités, mais il est quand même possible de dégager, dans une optique de planification, quelques points communs.

• On aura comme préoccupation la mise en place d'un réseau intra-école (soit un ensemble de postes de travail reliés les uns aux autres et à un ou plusieurs serveurs locaux, de même qu'à des ressources partagées, une imprimante par exemple) et d'un réseau inter-écoles (sorte de coopérative qui permet de mettre en commun certaines ressources), le tout relié au réseau Internet. Celui-ci ouvre à l'école maintes avenues nouvelles, mais il ne suffit pas, pour en tirer partie, d'y avoir accès. C'est le réseau Intranet local et régional qui permet un véritable déploiement de ses possibilités. C'est donc sur lui que doit porter principalement l'effort de réflexion, de planification et d'implantation technique.

• À un autre niveau, on s'appliquera à engager le plus tôt possible, dans la démarche de planification et de mise en oeuvre, toutes les personnes concernées et à soutenir concrètement leur engagement; à défaut de posséder un ordinateur pour chaque personne, on peut penser à lui attribuer un compte usager. Aussi, on amorcera leur formation, on encouragera les initiatives, on s'assurera de l'adhésion des personnes-clés et on organisera la gestion technique et la coordination des responsabilités.

• On activera les services. L'installation d'ordinateurs en réseau doit être complétée par la mise en place d'un certain nombre de fonctions (Quelles sont, par exemple, les réseaux, les logiciels, les documents et les autres "outils" que les usagers pourront utiliser quotidiennement?).

• On investira dans la mise en place d'un partenariat local et régional et on répartira les responsabilités. Dans les écoles, la technologie doit être facile à gérer, conviviale et évolutive. D'autres personnes devront prendre en charge les questions de sécurité, de gestion et autres de plus large portée.

La reconnaissance en cours du réseau comme infrastructure de base entraîne une mutation importante des appareils eux-mêmes. L'ordinateur conçu pour un usage individuel transporté sans discernement dans un environnement collectif a tendance à engendrer des situations chaotiques et, par voie de conséquence, des coûts considérables. Il importe donc de procéder à des choix judicieux et d'instaurer par la suite des règles précises d'utilisation.

Le constat qui précède est en grande partie à l'origine de l'ordinateur réseau ("network computer", ou NC). Il s'agit d'un appareil simplifié, conçu pour fonctionner en symbiose avec un serveur local et dont les logiciels et les configurations sont pilotés à partir d'un tel serveur. D'ici peu, toutes les utilisations déjà connues seront disponibles de cette façon. Avant d'investir massivement dans une approche traditionnelle, les équipes-écoles seront bien avisées d'examiner cette technologie du "network computer".

4.3.3 Les logiciels

Ce sont les logiciels qui permettent d'accomplir des tâches concrètes avec les NTIC. Leur nombre est sans cesse croissant et il existe entre eux de nombreuses différences quant à leur prix, à leur complexité, à l'usage que l'on peut en faire (par poste seulement ou en mode réseau, par exemple), à leurs fonctions et à certaines autres caractéristiques. Voici un bref aperçu des principales catégories de logiciels parmi lesquelles on aura à choisir.

• Les logiciels qui régissent les systèmes d'opération : on choisit d'abord une "plate-forme" (PC IBM compatible, Macintosh ou UNIX), puis un logiciel approprié (Windows 95, Mac OS ou autre, selon le cas).
• Les logiciels serveurs : chacun répond à un besoin ou à un ensemble de besoins : service WWW, son, son et image, forum de discussion, etc.
• Les logiciels de communication et de réseautique : pour le courrier électronique, la télécopie par l'Internet, de client pour la vidéoconférence, les sessions de travail à distance, etc.
• Les logiciels d'édition : pour le traitement de texte, la mise en page, etc. Certains de ces logiciels permettent de produire des documents directement pour un réseau électronique ou d'échanger diverses données sur un tel réseau.
• Les logiciels d'édition graphique : ils servent, entre autres, à illustrer des documents destinés à un réseau Intranet ou au réseau Internet.
• Les logiciels de navigation (ou fureteurs) : étant donné l'abondance de l'information disponible, ils deviennent de plus en plus nécessaires.
• Les logiciels de réception et de diffusion en mode " push " ou " WebCasting" : il s'agit d'un nouveau mode de diffusion qui amène les informations jusqu'à l'écran des usagers en mode quasi permanent.
• Les logiciels de surveillance et de filtrage d'accès aux sites WWW : ils permettent de bloquer l'accès à toute information jugée non désirable.
• Les logiciels de travail collaboratif : pour des discussions à partir de textes, en audioconférence ou en vidéoconférence. Certains logiciels de navigation intègrent certaines des fonctions de ces logiciels.
• Les logiciels en "environnements" de développement : ils sont nécessaires pour programmer certaines applications complémentaires aux pages web (par exemple, les scripts des logiciels Java).
• Les logiciels d'administration : ils sont particulièrement nombreux. Certains ont été développés spécialement à l'intention des commissions scolaires et des écoles. On les conçoit de plus en plus en vue d'une utilisation possible sur un réseau.

Les NTIC ouvrent la voie à des activités personnelles ou de groupe (entre classes par exemple) pour tous, à la dimension du monde et ayant un contenu d'information riche et diversifiée. On peut les utiliser aussi bien pour la réalisation de projets d'une certaine durée que pour l'échange de renseignements sur un sujet précis.

4.5 La stratégie

L'investissement en temps et en argent doit découler d'une stratégie orientée vers des objectifs poursuivis collectivement, et ces objectifs eux-mêmes doivent obéir à certaines exigences pédagogiques et administratives. Quant à l'implantation des NTIC, elle doit s'appuyer sur une démarche consensuelle (qui inclut les élèves et les parents, et non seulement le personnel), interactive (en ce sens qu'elle doit être capable, d'étape en étape, de s'adapter à l'évolution de l'environnement technologique) et systémique (l'école étant considérée comme un sous-système qui entretient des relations avec un système plus global). En outre, on pourra se donner comme guides plus spécifiques les orientations suivantes.

4.5.1 Une implantation attentive à tous et à toutes

On rendra rapidement disponibles certains équipements afin que les personnes qui sont déjà prêtes à utiliser les NTIC puissent le faire et on soutiendra ces personnes afin qu'elles dégagent ce qui pourra être accompli par la suite sur une plus vaste échelle. À d'autres personnes, anxieuses face à l'inconnu ou inquiètes, on fournira des occasions variées d'explorer les potentialités de l'ordinateur.

4.5.2 Une implantation progressive

Une telle implantation permet une assimilation progressive des capacités des NTIC et, dans la mesure où l'évolution du microprocesseur continuera de faire chuter les prix en même temps qu'elle en améliore la performance, le maintien d'un ratio prix/performance intéressant.

Au fur et à mesure que sera acquise la formation prévue dans la maîtrise de l'accès aux ressources des réseaux, on passera à des modes d'utilisation de plus en plus complexes (utilisation de matériel didactique, puis exploitation du flux informationnel disponible sur le réseau Internet, puis conception et diffusion de contenus pédagogiques sur les réseaux, puis ...). À cette fin, on prévoira des ressources financières et humaines satisfaisantes pour assurer un soutien continu.

4.5.3 Le développement d'une culture ouverte et d'entraide

L'école branchée a accès aux ressources internes (enseignants, conseillers, administrateurs, élèves, bibliothèque, etc.) et externes (collègues d'autres écoles, spécialistes, projets en cours, résultats de recherche et de développement au pays et à l'étranger, etc.). Par ailleurs, il existe déjà, à l'intérieur du système scolaire du Québec, plusieurs expériences où l'entraide et la collaboration tendent à devenir courantes. On pourra s'en inspirer.

[1]. Dans ce résumé, les termes directeur, enseignant, usager, concepteur, conseiller et administrateur renvoient aussi bien à des personnes de sexe féminin que masculin.