Les apprenantes et les apprenants
du 21ème siècle
Énoncé de vision
soumis par le Comité consultatif de Rescol
English
Vos commentaires sont les bienvenus.
Voir à la fin du texte, avant les annexes.
Introduction
Les technologies modernes de la communication et de l'information contribuent
à transformer chacun des éléments qui constituent l'apprentissage
: comment on apprend? où on apprend? quand on apprend? ce que l'on
apprend? quelles ressources on a? et pourquoi on apprend?
Il importe que nos systèmes d'apprentissage soient guidés
par une vision de l'apprenante, de l'apprenant, de la communauté
dont il ou elle est membre, ainsi que de la société cognitive
vers laquelle nous semblons nous diriger.
Afin d'engager la discussion sur ces questions, Rescol a tenu un atelier,
du 19 au 21 avril, 1996 au Centre de leadership éducationnel de la
banque CIBC. Une trentaine de personnes, en provenance des milieux scolaires,
gouvernementaux, universitaires et d'organisations diverses y ont participé.
Le but de cette rencontre d'envergure pan-canadienne était de développer
un énoncé de vision ayant trait aux apprenantes et aux apprenants
du 21ème siècle. On y a discuté des postulats à
formuler concernant les caractéristiques et les croyances d'un apprenant
ou d'une apprenante qui réussit, et les caractéristiques d'un
système qui soutient adéquatement sa démarche d'apprentissage;
on y a aussi identifié les pressions et les tensions inhérentes
à un tel développement, de même que les valeurs de base
à afficher lors de l'activité d'apprentissage proprement dite,
pour ensuite suggérer certaines attitudes à prendre pour les
apprenantes et apprenants, ainsi que pour leurs communautés de base
à l'égard des systèmes d'apprentissage à promouvoir.
La rédaction du présent document pourra peut-être être
de quelque utilité à celles et ceux qui, à un niveau
ou l'autre, investissent dans Rescol et qui désirent esquisser une
vision de l'apprenant-e du 21ème siècle et identifier les
systèmes d'apprentissage requis.
Le texte qui suit se veut donc la première étape d'un projet
qui s'adresse aux apprenant-e-s, aux éducateur-trice-s, aux parents,
aux décideur-se-s, aux leaders des communautés locales et
du secteur privé ainsi qu'aux politicien-ne-s préoccupés
par le phénomène de l'apprentissage dans une société
dite cognitive.
Cet énoncé veut stimuler la participation du plus grand nombre
à l'élaboration d'une vision partagée de l'apprenant-e
: les hypothèses de base à mettre de l'avant, les problèmes
et les tensions à étudier, les valeurs de base à respecter,
les moyens à prendre afin de réaliser la vision que l'on veut
mettre de l'avant à l'intérieur et entre les communautés
de base.
Quelques hypothèses sur l'apprentissage au 21e siècle
Voici quelques hypothèses et choix concernant ce qu'apprendre pourrait
signifier au siècle de la société cognitive.
Caractéristiques des communautés éducatives
- La collectivité canadienne accorde une importance considérable
à l'acte d'apprendre, encourage et supporte l'apprentissage tout
au long de la vie dans les écoles, dans les lieux de travail de même
que dans la famille et la communauté de base.
- L'apprentissage et la connaissance constituent le fondement de la
richesse et du bien-être du pays et des gens qui l'habitent. Le savoir
et la sagesse sont les actifs principaux et de l'individu et de la communauté.
- La communauté éducative de base, juste et efficace,
fournit des ressources adéquates à ses membres pour qu'ils
et elles apprennent tout au long de leur vie et dispose d'un système
équitable de répartition de ses ressources.
Caractéristiques des apprenantes et des apprenants
- L'apprentissage est un processus inné et qui se poursuit la
vie durant.
- La personne apprend, peu importe son âge, dans le jeu comme
dans le travail.
- Les personnes de tout âge démontrent une capacité
d'apprendre qui reflète les conditions sociales, économiques
et physiques des situations éducatives passées et présentes.
- Les personnes ont des besoins diversifiés, en liaison avec
leur développement personnel; leur responsabilité sociale
et civique; leur jouissance culturelle; l'accès au travail et à
une carrière. Leurs besoins manifestent leurs intérêts
personnels, mais aussi les caractéristiques de leur famille, de leur
communauté de base et de leur travail.
- Les personnes apprennent à des rythmes et selon des styles
différents, dans des situations variées et selon des périodes
qui leur sont propres.
Caractéristiques des systèmes d'apprentissage
- Dans une société en changement, les systèmes
d'apprentissage doivent être accessibles, flexibles, malléables,
divers et équilibrés, autant en ce qui concerne les politiques
que les perspectives auxquelles ils sont associés.
- Un système d'apprentissage efficace présente à
l'apprenant-e une variété de modèles organisationnels
: des modèles d'affiliation entre différentes institutions,
des modèles d'offre de services par des enseignant-e-s et des personnes
ressource ainsi que des modèles d'accès à la technologie.
Ces modèles varieront selon le contexte, le type d'apprentissage
et le style de l'apprenant-e.
- Les structures et institutions scolaires, du préscolaire à
l'université, sont renforcées par le fait qu'elles ont établi
des liens et des ententes avec la communauté éducative de
base (par exemple, avec d'autres écoles) et avec des institutions,
entreprises et associations qui oeuvrent en dehors du milieu de l'éducation
(c'est-à-dire les institutions culturelles, les médias, le
milieu des affaires et les autres groupes communautaires). Les frontières
séparant l'école, le milieu du travail et la communauté
tendent à s'amenuiser et leurs activités à se renforcer
mutuellement.
- Les enseignantes et les enseignants assument de nouveaux rôles
et responsabilités au fur et à mesure qu'évoluent les
modèles institutionnels et les technologies en appui à l'apprentissage.
- Les technologies de l'information et de la communication sont de type
transformationnel, c'est-à-dire qu'elles ont un puissant impact sur
la société (société cognitive), ainsi que sur
l'acte d'apprendre et les systèmes d'apprentissage.
- Un système d'apprentissage efficace favorise a) la participation
de tous les secteurs de la société, incluant le secteur privé,
b) la gestion minutieuse des ressources, c) l'utilisation des technologies
de l'information et de la communication pour soutenir l'acte d'apprendre
et l'acte pédagogique, d) l'offre de services qui combinent rendement
et efficacité et e) un investissement approprié de ressources
aux fins de faire apprendre.
- La qualité des systèmes d'apprentissage s'accroît
grâce à la connaissance et à l'expertise acquises à
partir de l'expérience, de l'innovation et de la recherche.
Valeurs à la base d'une vision à construire
et à partager
Selon quelles valeurs guider le développement d'une vision de l'apprenant-e
ou de la communauté apprenante dans une société cognitive
?
Valeurs de base d'une communauté éducative
L'objectif. Faire acquérir une sagesse dans l'action et la réflexion,
au profit de la société et de l'individu, préside à
la définition du but de l'éducation, à l'application
des connaissances, à l'offre d'expertise et au choix d'attitudes.
Le projet social. Collaboration de tous les niveaux de la société
-- politique, économique et culturel -- afin d'encourager l'apprentissage,
d'en faire un projet de grande envergure et de façon à l'intégrer
à la vie de tous les jours ainsi qu'à tout travail le moindrement
important.
La responsabilité. Un engagement à fournir les efforts nécessaires
pour soutenir la société cognitive ainsi que l'implication
des apprenant-e-s et de leurs communautés de base dans l'élaboration
de programmes d'apprentissage. Ceci implique une étroite collaboration
entre le gouvernement, les affaires et les communautés, guidée
par des objectifs conjointement définis et la meilleure compréhension
possible des besoins individuels.
Valeurs de base des apprenantes et des apprenants
L'objectif. Le développement d'une sagesse dans l'action et la réflexion
par l'acquisition d'un éventail de compétences dans les langues,
les mathématiques, les sciences, les arts et les lettres, la technologie
et les médias.
La responsabilité. La responsabilité des apprenant-e-s en
ce qui a trait à leur propre apprentissage, leur participation aux
activités d'apprentissage, l'exercice de leur capacité de
choix, de même que leur responsabilité de faire servir leurs
connaissances au bénéfice des autres.
L'orientation face aux valeurs. La reconnaissance de l'importance des valeurs,
des attitudes, des engagements, de la sensibilité morale et de la
spiritualité pour le développement intégral de la personne
et pour le bien de la société.
Valeurs à la base des systèmes d'apprentissage
La diversité. La reconnaissance de besoins d'apprentissage différents
selon l'individu compte tenu de son origine ethnique, de sa langue, de ses
talents, de sa condition ainsi que de ses aspirations.
Les besoins spéciaux. Une attention particulière est apportée
aux besoins de certains groupes tels les Premières Nations, les nouveaux
immigrants, les personnes pauvres et les autres qui sont victimes d'exclusion
et de discrimination, les doué-e-s ainsi qu'à toute autre
personne qui a un défi spécial à affronter dans le
domaine physique, social, psychologique et de l'apprentissage.
L'accès et l'équité. Le libre accès à
l'apprentissage, l'équité dans le traitement et la diversité
des services pour tous les apprenant-e-s sans égard à leur
origine, aux circonstances et aux besoins spéciaux.
L'utilisation avisée de la technologie. Le choix judicieux de technologies
afin de faciliter l'apprentissage en coopération entre les enseignant-e-s
et les institutions et en faisant appel à un riche répertoire
d'expériences ayant trait au processus enseignement-apprentissage.
La qualité. L'engagement à contribuer à un apprentissage
de haute qualité et à offrir des services utiles à
l'apprenant-e.
La recherche. La priorité donnée à la recherche dans
les domaines tels que la théorie de l'apprentissage, les méthodes
pédagogiques efficaces, les technologies de l'information et de la
communication ainsi que l'utilisation des résultats de la recherche
dans les politiques et pratiques de l'apprentissage.
Les enseignantes et les enseignants. La reconnaissance du rôle de
l'enseignant-e dans un système d'apprentissage donné et son
importance accrue dans le développement et le partage d'une vision
nouvelle de la société apprenante.
La diversité des carrières. La reconnaissance du fait que
nombre d'apprenant-e-s poursuivent à profit des carrières
dans le commerce, les métiers et les services qui ne sont reliés
que de loin avec les hautes technologies ou les connaissances académiques
avancées.
Communautés d'apprenantes et d'apprenants en réseau
Après avoir envisagé un certain nombre de possibilités,
lesquelles sont présentées succinctement à l'appendice
B, un consensus s'est dégagé à l'effet de placer au
centre du projet de vision l'idée de communautés éducatives
en réseau.
Cette vision est basée sur le principe que différents apprenants
et apprenantes ont besoin de systèmes d'apprentissage différents.
Deux métaphores de l'éducation s'entremêlent :
- celle du village-planète qui est favorable à l'apprentissage,
encourage le support de la communauté locale et la collaboration
de ses membres, en utilisant les institutions et les enseignant-e-s (dans
le sens le plus large) pour faire continuellement découvrir à
la communauté de base son identité et son idéal;
- celle de l'autoroute de l'information qui permet à l'apprenant-e
d'établir, par le truchement de technologies rentables, un contact
avec d'autres villages-planète et des ressources d'apprentissage
d'envergure créées de par le monde, tout en leur offrant une
grande variété de choix et d'options.
Apprendre est une activité qui connaît une séquence
de développement de l'enfance à l'âge adulte et à
la maturité. Nous commençons dans les familles et les communautés
de base où nous acquérons le language, un héritage
culturel et un sentiment d'identité personnelle. Le temps faisant
son oeuvre, nous interagissons de plus en plus avec d'autres apprenant-e-s
de la communauté de base, des institutions éducatives et de
diverses organisations. Aujourd'hui, nous utilisons davantage la technologie
et les communications afin d'élargir nos vues et notre répertoire
de connaissances.
Au fur et à mesure que nous apprenons et nous développons,
nous en arrivons à discerner l'information qui fait sens et qui nous
touche et à étendre notre compréhension des autres
communautés de base au Canada et autour du monde. Les perspectives
locale et planétaire concernant l'apprentissage se rapprochent et,
avec l'aide des pédagogues, nous développons des cartes conceptuelles
nous permettant de maintenir nos racines tout en avançant dans notre
cheminement.
Si nous visualisons la communauté d'apprenantes et d'apprenants
en tant que communauté éducative de base laquelle :
- démontre de la compassion;
- valoriser, encourage et supporte l'apprentissage;
- procure des ressources adéquates;
- partage des buts;
- inclut tous les membres de la communauté locale;
et si nous visualisons l'apprenant ou l'apprenante comme une personne
qui :
- doit assumer la responsabilité de son apprentissage;
- vit dans une période de changements rapides;
- apprendra tout au long de la vie;
- aura une variété de besoins d'apprentissage;
- aura des besoins différents des autres apprenant-e-s;
- aura besoin d'une variété d'expériences, de
services et de structures;
- devra apprendre seul ou en groupe;
- a besoin d'un éventail équilibré d'expériences
d'apprentissage;
- mélange apprentissage, travail et jeu;
alors le système d'apprentissage qui servira de support à
cet apprenant-e devra être:
- en mesure de répondre à ses besoins;
- adaptable;
- organisé de manière à pouvoir tenir compte
de la diversité;
- source d'émancipation et de rendement;
- accessible;
- en mesure de servir tout au long de la vie;
- relié aux réalités de la communauté
locale et au monde;
- rentable.
Ces éléments sont interreliés. L'introduction
d'un nouveau système d'apprentissage entraînera des changements
dans tous ces éléments : le cadre, ses structures, sa direction
et son financement; les procédés d'élaboration du curriculum,
de design pédagogique et d'évaluation; les modes d'accès,
incluant les institutions éducatives, les enseignantes et les enseignants
et les nouvelles technologies de l'information et de la communication; le
rationnel du système basé sur la recherche et le contrôle
de la qualité. On voit maintenant apparaître ces changements
partout et de facons différentes. Ce dont nous avons besoin maintenant,
c'est d'une vision éclairée pour identifier ces changements
et les intégrer.
Le cadre
1. Les structures sont plus variées; elles mettent moins l'accent
sur les hiérarchies et tendent vers des réseaux entrecroisés.
Certains réseaux se situent au niveau d'un site même (services
intégrés pour l'école et la communauté de base)
sur une toile de fond variée (écoles de milieu urbain ou rural,
liens entre différentes communautés d'apprenant-e-s) ou selon
la communauté d'intérêt (i.e. les centres d'excellence
en matière de recherche).
2. La direction gère selon le concept d'une organisation d'apprentissage,
en encourageant la participation des parents et de l'apprenant-e et en éduquant
la clientèle à l'exercice du pouvoir (évitant les modèles
« du haut en bas »). Le rôle du leadership politique ou
professionnel consiste avant tout à promouvoir une vision commune,
à garantir les droits et la qualité des services et à
stimuler le progrès.
3. Le financement est diversifié, mais l'équité est
protégée par un partage des ressources entre les membres de
la communauté de base. De nouveaux modes de financement et d'allocation
des ressources doivent maintenant être explorés.
Les procédés
4. Le curriculum est bâti à partir des profils de sortie, des
apprentissages considérés comme essentiels, de connaissances
clairement définies, des attitudes et habiletés mesurées
par des standards spécifiques de rendement; il définit l'éducation
de base comme incluant la connaissance de multiples disciplines, de méthodes
de penser, de manières de manifester sa sensibilité, de se
conduire avec éthique et incluant aussi des approches de résolution
de problèmes et des façons d'utiliser des connaissances à
l'ouvrage ou dans la vie courante.
5. Le design pédagogique vise à faire la liaison entre les
profils de sortie et les résultats et tient compte à la fois
de l'apprentissage réalisé seul (projets individuels) ou en
groupe (apprentissage entre pairs et collaboration); l'accent est mis sur
a) l'acquisition de connaissances significatives, b) l'acquisition d'habiletés
et c) le développement des relations personnelles.
6. L'évaluation comprend l'appréciation de connaissances déjà
acquises (i.e. pré-tests, essais pour obtenir des crédits,
reconnaissance de la validité de l'expériences des adultes)
et le recours à des formes différentes pour mesurer le rendement
(i.e. le portfolio et la mesure authentique d'une performance).
Les modes d'accès
7. Les institutions éducatives pourvoient les ressources et les services
au sein d'environnements d'apprentissage structurés dans le but de
supporter l'apprentissage individuel ou de groupe; la présence au
cours s'effectue selon différents modes de contact, mais pas nécessairement
par la présence physique, et l'apprenant-e peut effectivement fréquenter
plusieurs institutions à la fois. Les écoles, les collèges
et les universités sont reliés avec d'autres institutions
formelles du savoir et même avec d'autres qui sont situées
hors du contexte formel (musées, bibliothèques nationales,
laboratoires de sciences, laboratoires industriels et centres communautaires).
L'efficacité des institutions est entre autres reconnue selon la
nature des résultats (académiques et autres) et la qualité
de leur environnement (sécurité, ressources, qualité
de l'enseignement, la nature de la vie étudiante et les liens avec
la communauté, etc.)
8. Les enseignantes et les enseignants continuent de constituer le corps
principal des pédagogues professionnels, mais ils jouent maintenant
un nouveau rôle et ont de nouvelles responsabilités, ils deviennent
des guides, des organisateur-trice-s, des leaders, des personnes ressources,
des planificateur-trice-s d'activités éducatives et des facilitateur-trice-s
d'apprentissage -- et servent de modèles de personnes éduquées
et capables d'apprendre. Plusieurs continuent de travailler dans les écoles,
mais beaucoup d'autres exercent leur profession comme consultant-e-s indépendants
dans les agences gouvernementales, dans l'entreprise privée et vendent
leurs services à la communauté. Certains des rôles jusqu'ici
remplis par les enseignant-e-s sont maintenant assumés par des non-professionnel-le-s
ou paraprofessionnel-le-s. Tout ce changement a d'importantes implications
sur l'éducation de l'enseignant-e, sur son développement professionnel,
sur ses conditions de travail et ses associations professionnelles et sur
la définition de ce qu'être enseignante ou enseignant signifie.
9. Les nouvelles technologies de l'information et de la communication élargissent
l'accès à la connaissance de manière renversante, enrichissent
substantiellement les ressources et l'expertise accessible aux apprenantes
et aux apprenants, rendant ainsi possible l'accès à celles
et ceux qui n'étaient pas bien servis par les structures en place.
L'enseignement et l'apprentissage « à distance », les études
indépendantes de même que nombre de « programmes pré-enregistrés
» constituent autant de modes d'apprentissage acceptés. L'activité
de l'apprenant-e se trouve ainsi dissociée, selon le besoin, de l'élément
« temps » (horaires et durée en tant que mesure de rendement)
et de l'élément « lieu » (classes, écoles
et universités).
Le rationnel sous-jacent
10. La recherche constitue la base intellectuelle des systèmes d'apprentissage
: si ceux-ci sont les meilleurs que nous savons préparer et les services
d'apprentissage les meilleurs que nous savons donner, il s'ensuit que la
recherche doit avoir éclairé nos politiques et nos pratiques
et avoir été mise en lien avec les politiques et les pratiques.
11. Le contrôle de la qualité passe par une évaluation
qui éclaire la modification des systèmes d'apprentissage,
des institutions éducatives et du geste pédagogique en vérifiant
si nous apprenons les bonnes choses (par exemple, se rendre compte de l'état
de notre connaissance de diverses disciplines), si nous apprenons bien (en
termes d'efficacité et de rendement) et surveillons l'écart
entre la qualité des services d'apprentissage et les besoins de l'apprenant-e.
Les efforts actuels du Conseil des Ministres de l'Éducation concernant
les indicateurs de performance vont dans cette direction.
Presque toutes les initiatives ci-haut décrites sont aujourd'hui
en voie d'exécution. Quelques-unes nous mènent vers une nouvelle
vision de l'apprenant-e, d'autres auront besoin d'être repensées
ou modifiées, mais elles nous apparaissent plutôt prometteuses.
Nous avons à faire face à deux autres questions :
- Comment pouvons-nous à la fois développer une nouvelle
direction, et pour l'apprenant-e et une pour l'acquisition des savoirs ?
- Comment peut-on intégrer ces deux éléments
dans une vision à la fois cohérente et
ouverte ?
Partant maintenant d'ici!
Une vision est un jeu d'idées, basé sur certaines valeurs,
et qui, pour se développer, requiert l'intervention de personnes
qui sauront trouver les gens et le support pour le réaliser.
Une vision ne devient pas une réalité à moins que quelqu'un
lui donne vie. N'importe laquelle vision de l'apprenant-e et de la communauté
apprenante, même si elle est claire, imaginative et attrayante, ne
sera qu'un rêve à moins que des personnes la fassent leur en
posant des gestes de leadership ou de membership, en manifestant leur volonté
ainsi que leur capacité d'établir des objectifs et de trouver
des ressources et en faisant preuve d'envergure et de l'expertise.
Travaillant et pensant ensemble, les différentes personnes et entitées
intéressées à Rescol, éducateur-trice-s, gouvernements,
secteur privé et communauté apprenante, sont capables -- compte
tenu de leur bagage de connaissances, de leurs ressources et de leur technologie
-- de pourvoir tous les apprenantes et apprenants du pays d'un environnement,
le meilleur au monde, d'en faire un signe distinctif de l'identité
de ses membres et une ressource de premier plan au profit de toutes et de
tous.
Tout au cours du processus que nécessite la préparation d'une
déclaration formelle sur la vision de l'apprenante ou de l'apprenant,
nous avons créé une nouvelle communauté, une famille
d'éducatrices et d'éducateurs qui ont un objectif commun et
qui ont accepté de participer dans une démarche continue et
dont nous pourrons mesurer l'efficacité à travers le Rescol.
Le travail continue!
Au nom des 30 participantes et participants à une session de travail
intitulée « Vision de l'apprenant du 2lème siècle
», au CIBC Leadership Centre, King City, Ontario, les 19-21 avril 1996,
et appuyé financièrement par le sous-comité "Formation,
Recherche and Évaluation" de Rescol.
Note - Nos remerciements les plus sincères de la part de Rescol
à Hubert Saint-Onge pour avoir facilité le processus et à
Norman Henchey pour l'écriture des différentes versions du
présent énoncé de vision.
Groupe de travail
Alain Breuleux (McGill)
Norman Henchey (McGill)
Thérèse Laferrière (Laval)
Marita Moll (Canadian Teachers' Federation)
Hubert Saint-Onge (CIBC)
Arie Van der Vlist (McGill)
Edward (Ted) Wall (McGill)
Appendice A : Problèmes et tensions
L'ère de la connaissance exige des investissements substantiels
de la part des ressources d'une société apprenante et implique
de profonds changements dans les rôles des apprenant-e-s et des enseignant-e-s.
À mesure que l'on avance vers une nouvelle vision d'une communauté
d'apprenant-e-s, nous nous devons de reconnaître qu'au cours des prochaines
années, nous devrons nous attaquer à certains problèmes,
tensions et dilemnes. Parmi eux :
- les apports complémentaires des structures formelles et
des approches informelles d'apprentissage;
- les tensions créées par la pression due au changement
rapide et le besoin de stabilité;
- l'importance de la prévoyance et ses difficultés
dans une ère de l'impromptu;
- le désir de procéder graduellement vers le futur
alors que nos hypothèses concernant l'apprentissage ou les systèmes
d'apprentissage prévoient des changements brusques;
- l'impératif de pourvoir les personnes de tout âge
d'un accès à des services d'apprentissage non seulement symbolique,
mais réel, et ce, dans un climat où les ressources sont limitées
et la concurrence toujours croissante;
- l'équilibre entre l'interdépendance sociale que requiert
l'apprentissage et l'attention qu'exigent les besoins de l'individu;
- la tension entre les exigences des institutions sociales nées
de l'ère industrielle et les nouveaux styles qui s'imposent avec
l'arrivée des technologies de l'information et de la communication;
- comment assurer l'utilisation de la technologie, dans le but d'améliorer
nos connaissances et notre expertise, sans que celle-ci en vienne à
dominer notre vie;
- le besoin de réconcilier les tenants des différentes
tendances, c'est-a-dire une réconciliation entre celles et ceux qui
préconisent une approche traditionnelle, celles et ceux qui sont
en faveur d'une réforme modérée en respectant les conceptions
et structures déjà en place et celles et ceux qui croient
en la nécessité d'un profond changement;
- l'équilibre entre l'initiative privée créatrice
et la responsabilité individuelle à l'égard de la communauté
de base;
- la tension entre la centralisation et la décentralisation,
la standardisation et la variété, la responsabilité
sociale et la liberté individuelle;
- la tension créée entre la qualité et les standards
d'une part, et l'égalité et l'accès d'autre part;
- l'équilibre entre l'investissement dans l'éducation
et l'investissement dans les autres services publics ainsi que l'équilibre
dans la répartition des ressources à l'intérieur du
vaste champ de l'éducation (prime enfance, enseignement primaire,
secondaire, postsecondaire, éducation des adultes et formation continue);
- la tension créée entre la vision à court terme
de l'éducation pour des fins d'affaires ou d'opportunités
politiques, et la vision à long terme de l'éducation comme
investissement stratégique dans les personnes.
Appendice B : Possibilités
L'apprentissage et les systèmes d'apprentissage peuvent quelquefois
bouger dans des directions différentes, mais ils peuvent aussi s'entrecroiser.
L'énoncé de vision présenté doit être
apprécié en prenant en considération les possibilités
suivantes :
Le train-train quotidien
Nous continuons d'agir comme par le passé, en faisant appel à
nos présupposés habituels, à nos structures bureaucratiques
et à nos façons les plus répandues d'enseigner et d'apprendre
lesquelles nécessitent beaucoup de contrôle et de division
du travail. Nous essayons d'intégrer la technologie à nos
structures actuelles. Nos ressources sont limitées et quelquefois
même en déclin, affectant la qualité de l'apprentissage
et la confiance du public. Est-ce que présentement cette approche
sert bien les individus et la société? Pouvons-nous donner
des services à l'apprentissage de qualité avec les ressources
qui sont présentement à notre disposition? Sommes-nous en
train de manquer l'occasion de mettre à profit l'utilisation des
nouvelles technologies?
Le goulot d'étranglement
Les marges de manoeuvre diminuent lorsque la technologie et la concurrence
à l'échelle mondiale limitent le marché du travail
pour la main d'oeuvre non-spécialisée d'une part, et d'autre
part, à une main d'oeuvre hautement technique et à des cadres
possédant des diplômes post-secondaires. Pour une grande partie
de la population, un emploi rémunérateur est devenu une ressource
rare qui fait quelques gagnants et beaucoup de perdants. Qu'est-il devenu
de la relation savoir-carrière? Quoi faire apprendre à celles
et ceux qui ne sont pas dans le corridor étroit des carrières?
Est-ce que l'accent mis sur l'apprentissage pour le plus grand nombre peut
éviter ce goulot d'étranglement qui se profile à l'horizon?
Aurons-nous besoin de nouvelles définitions de l'emploi et du travail?
Les guerres "ed-tech" et le marché de
concurrence
Il existe un conflit politique et une concurrence économique toujours
croissants pour s'approprier une clientèle et pour le partage des
fonds disponibles entre les deux forces suivantes : le secteur de l'éducation
dont font partie les ministères, les commissions scolaires, les associations
et les unions professionnelles; le secteur des corporations ludo-éducatives,
les pourvoyeurs de services technologiques, les services d'éducation
à distance, les médias, les producteurs de matériel
technologique, et les préposé-e-s à la réforme
de l'éducation. Est-ce qu'il y a ici, entre les modèles industriel
et d'information, un conflit inévitable, inhérent à
la nature des philosophies concurrentes? Est-ce que cette situation sera
bénéfique ou dangereuse pour la transition vers la société
apprenante? Est-ce que ce conflit creusera encore le fossé entre
les "nantis" et les "non-nantis" ?
Appendice C
Participantes et participants de l'atelier, 19-21 avril
1996
Mathew Baril, AIESEC Canada Inc., Toronto, Ontario
Monique Bégin, Université d'Ottawa, Ottawa, Ontario
Jean-Baptiste Bergevin, Sillery, Québec
Alain Breuleux, Université McGill, Montréal, Québec
Roy Dalebozik, Université McGill, Montréal, Québec
Linda M. Harasim, Université Simon Fraser, Burnaby, Columbie Britannique
Norman Henchey, Montréal, Québec
Doug Hull, Industrie Canada, Ottawa, Ontario
Dan Keating, OISE, Toronto, Ontario
Marcel Labelle, CECM, Montréal, Québec
Veronica Lacey, North York Board of Education, North York, Ontario
Thérèse Laferrière, Université Laval, Québec,
Québec
Bob Logan, OISE, Toronto, Ontario
Rose-Alma McDonald, Assemblée des Premières Nations, Ottawa,
Ontario
Lisa McPhail, Rescol, Ottawa, Ontario
Marita Moll, Fédération canadienne des enseignant-e-s, Ottawa,
Ontario
Craig Montgomerie, Université de l'Alberta, Edmonton, Alberta
Trevor Owen, Université York, North York, Ontario
Chad Park, AIESEC Canada Inc., Toronto, Ontario
David Porter, Open Learning Agency, Burnaby, Columbie Britannique
John Pringle, Claremont Secondary School, Victoria, Columbie Britannique
Tom Rich, Association canadienne d'éducation, Toronto, Ontario
Hubert Saint-Onge, CIBC Leadership Centre, King City, Ontario
Jean-Pascal Souque, Conference Board du Canada, Ottawa, Ontario
Arie Van der Vlist, Terrasse Vaudreuil, Québec
A.E. (Ted) Wall, Université McGill, Montréal, Québec
Harvey Weir, Université Memorial, St. John's, Terre-Neuve
Howard L. Yeager, Université de Calgary, Calgary, Alberta