|
Les
causes de la violence Loin
de disparaître, la violence connaît une recrudescence et ses manifestations
sont davantage subtiles. Les gouvernements et le système d'éducation
ont un rôle fondamental à jouer pour prévenir et sensibiliser
la population aux impacts de la violence. Les auteurs du troisième chapitre
du collectif Non-violence et citoyenneté un " vivre-ensemble "
qui s'apprend, tentent d'établir le portrait de la situation actuelle à
l'égard de la violence, en plus de s'attarder aux causes de ce phénomène
de société. Pour
Diane Savard, Colette Noël, Michel Desjardins et Robert Cadotte, la pauvreté
et la culture sont les deux principales causes à l'origine des comportements
violents. Membres du PACIJOU, organisme faisant la promotion des jeux et des jouets
non violents, les auteurs affirment que les quartiers les plus défavorisés
de Montréal ont un taux de crimes de 5 à 6 fois supérieur
aux autres coins de la ville. La pauvreté constitue une façon de
cibler et de prévoir la violence, mais les différences culturelles
sont encore plus significatives. Si bien qu'en 1990, on pouvait lire dans The
Economist, que pour trois meurtres commis en Europe de l'Ouest, il y en avait
5 au Canada et 15 chez nos voisins du Sud. Quelles sont les raisons d'une telle
divergence, sinon les contextes culturels forts différents d'un pays à
l'autre ? Pour
ces quatre auteurs, le terme culture signifie la consommation intellectuelle,
que ce soit par la télévision, le cinéma, les jeux vidéos,
les jouets, mais également par certaines lois et décisions politiques
instituées par nos gouvernements. À partir de cette définition,
ils établissent des comparaisons entre les valeurs véhiculées,
notamment par les gouvernements et les compagnies de jouets, d'ici et d'ailleurs.
À titre d'exemple, ils mentionnent l'augmentation considérable des
dépenses militaires du gouvernement américain de Reagan, suivit
de sa campagne publicitaire visant la promotion des valeurs militaires. Selon
ces auteurs, la vente de jouets violents a fait un bond de 700% entre 1980 et
1987. Un autre exemple nous est donné par l'écoute d'émissions
violentes par les enfants. À la fin de son primaire, un jeune américain
sera témoin de 8 000 meurtres et de près de 100 000 gestes violents
perpétrés à la télévision et au cinéma.
Pour les auteurs mentionnés précédemment, les différences
culturelles entre les États-Unis et l'Europe viennent confirmer l'écart
de leur taux de violence et de criminalité. Selon eux, les valeurs véhiculées
par le cinéma américain sont davantage axées sur la promotion
de comportements violents que celui européen, où les dialogues sont
souvent au premier plan. Les lois américaines sont un autre aspect étudié
par les auteurs. Encore aujourd'hui, certains États américains recourent
à la peine de mort comme punition ultime envers les criminels. Quant au
port d'armes, la réglementation semble déficiente dans certaines
villes américaines. Que
l'on soit en accord ou non avec les propos de ces auteurs, la violence est une
problématique très complexe nécessitant l'analyse de plusieurs
facteurs. De plus en plus banalisés, les comportements violents semblent
maintenant faire partie du quotidien des jeunes et des moins jeunes. Si les données
statistiques et les dates d'analyse prises par les auteurs du chapitre "
La violence : grandes et petites causes " semblent lointaines, la situation
actuelle des États-Unis est encore aujourd'hui très inquiétante.
Comme en témoigne le budget alloué à la défense, les
convictions du Président Georges Bush sont sans équivoque à
l'égard de la guerre. Les attentats du 11 septembre, aussi horribles soient-ils,
lui donnent le feu vert pour mettre en uvre ses opérations militaires.
Le soutien de l'opinion publique, appui renforcée par la diffusion ininterrompue
d'images chocs, lui permet donc de poser des gestes inspirés par le courant
de la droite. Si
les attaques militaires américaines sont soi-disant motivées par
de nobles raisons, les images retenues par la population en général
sont la production d'actes violents pour contrer ou anéantir le mal. Le
sentiment de vengeance a donc tenu l'opinion publique en haleine durant tout l'automne.
La situation des États-Unis est fort inquiétante, lorsqu'on sait
que les valeurs américaines sont très populaires au Canada. Il n'existe
sans doute pas de solution miracle pour mettre un terme à la violence présente
dans nos sociétés. Néanmoins, les adultes devraient réfléchir
avant de poser des gestes peut-être banals en apparence, mais qui reproduits
par des enfants, ont un caractère violent. À l'école, une
certaine sensibilisation doit être faite par les enseignants, mais les parents
ont un rôle fondamental à jouer dans la promotion d'une conduite
pacifique. Au-delà d'une réglementation sur la diffusion des contenus
violents, qui auraient très certainement des impacts positifs, c'est le
comportement des modèles adultes proches de l'enfant qui constitue sans
aucun doute une des approches préventives les plus efficaces. Il est impératif
que les sociétés cessent de banaliser la violence comme on le constate
actuellement, au profit d'une culture pacifiste claire. Par
Geneviève Dionne
|