|
La
citoyenneté et l’intérêt pour la chose publique
Nous l’avons vu dans les récents sondages, la politique
québécoise est en crise. Le discours idéologique des partis
traditionnels n’étant plus en mesure de convaincre ne serait-ce que
le partisan le plus aguerri, le peuple québécois se tourne maintenant
du côté de la nouveauté, du côté de la jeunesse
: du côté du changement. Parce que la politique stagne et ce, depuis
plusieurs années. L’arrivée du Parti Québécois
avait donné un nouveau souffle à la politique québécoise
à l’époque de l’émergence de la faction activiste
du nationalisme québécois durant les années soixante-dix.
Les Libéraux virent arriver un adversaire de taille et la bataille que
se livrèrent les Bourassa et Lèvesque, les Johnson et Parizeau,
les Charest et Bouchard, marquèrent la vie politique québécoise
pendant plus de vingt-ans. C’est maintenant l’ADQ, avec Mario Dumont
en tête, qui représente la résurgence de la ferveur politique
au Québec. Depuis quelques mois, les sondages les placent en tête
de liste, eux qui avaient placé qu’un seul député en
chambre aux dernières élections provinciales. Ce
changement d’adhérence de la population marque-t-il une faiblesse
des partis traditionnellement forts au Québec ou simplement un désir
de changement radical né d’un désintérêt depuis
trop longtemps refoulé pour la chose publique ? Nous touchons ici à
un fondement important de l’éducation à la citoyenneté.
Les penseurs en la matière soutiennent que les citoyens ont tendance à
se désintéresser de la chose publique et à ne plus voir dans
le projet politique ni source d’identité collective, ni lieu d’engagement
ou de rassemblement. Les citoyens ne participent alors peu ou pas aux actions
et décisions que les concernent, se concentrant plutôt sur leur vie
privée et sur la consommation. Et
c’est peut-être ce trop long désengagement qui est à
la base du changement d’adhérence politique dont est témoin
le Québec cette année. Nous avons trop longtemps été
les témoins passifs de l’évolution d’un système
politique qui ne répond pas aux besoins de sa population propre, mais plutôt
aux intérêts généraux de l’économie mondiale.
Le blâme ne doit pas entièrement être jeté sur nos dirigeants
politiques. La population doit aussi faire sa part et l'un des mandats de l’éducation
à la citoyenneté est donc de démystifier la politique dans
son ensemble en redonnant le goût aux jeunes de s’y intéresser
et de voir l’importance de la démocratie non seulement pour la survie
de notre collectivité, mais aussi et surtout pour la liberté qui
lui donne son souffle. Par
Guillaume Bouillon
|