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La
citoyenneté et la charte des droits des enfants
Lorsque l'on parle d'éducation à la citoyenneté,
le thème des droits de l'homme revient inévitablement
au cur des discours. Une des compétences que l'éducation
à la citoyenneté vise à faire acquérir touche
la connaissance des institutions politiques, des fondements de la vie
démocratique et des chartes des droits. Hors, il n'y a pas que
les droits de l' " homme " qui sont revendiqués depuis
le fameux Habeas corpus (qui signifie ton corps t'appartient), voté
par le Parlement anglais en 1649, qui protège tout individu contre
les arrêts arbitraires. L'histoire a vu nombre d'épisodes
reliés aux conditions de vie et aux droits des enfants. Pour
que nos enfants soient en mesure de saisir toute la dimension que peuvent
prendre des mots tels que " liberté ", " intégrité
" et " droit ", il est nécessaire de leur faire
comprendre qu'il y a toute une évolution, toute une série
de revendications et de combats qui se situent en arrière plan.
Si arbitraire que cela puisse le paraître, le mot " enfant
" vient du latin " infans " qui signifie " celui
qui ne parle pas. " Nous constatons donc que l'étymologie
même du terme renvoie à la phase que l'on nomme "
petite enfance ", où l'on désigne l'enfant par le
terme " poupon " et " bébé ". Mais
en poussant plus loin le raisonnement, cette conceptualisation de mot
enfant renvoie à l'image, très caricaturale et irrespectueuse,
du " soit sage et tais toi. " Et dans l'histoire de l'humanité,
les enfants ont certainement eu leur part de négligence et d'irrespect.
Ainsi, les pères des tribus germaniques, gauloises et scandinaves
avaient le droit de vie et de mort sur les enfants. Du côté
des Romains, les lois autorisaient les hommes à accepter ou refuser
un enfant à sa naissance. Ce ne sera qu'avec l'arrivée
des philosophes du 18e siècle que notre réflexion actuelle
sur l'éducation et l'épanouissement de chacun prendra
forme. L'arrivée de la Révolution française mit
fin à l'ère des privilèges royaux et bourgeois
et, surtout, donna naissance à la Déclaration des droits
de l'homme et du citoyen. Et au niveau des droits des enfants, la Révolution
laissera aussi des traces indélébiles en voyant la mère
devenir la pierre angulaire de la relation parents/enfants. L'enseignement
primaire deviendra aussi obligatoire et gratuit pour toutes et tous.
Toutefois, c'est la Révolution industrielle en Angleterre qui
portera le plus dur coup aux conditions de vie des enfants, mais aussi
qui ouvrira les yeux de tout l'occident sur leurs droits. Si le 19e
siècle a vu les progrès technologiques monter en flèche
et le capitalisme devenir le nouveau symbole de réussite sociale,
cela se fit au détriment de millions d'hommes, de femmes et
d'enfants. C'est ainsi qu'une série de lois furent votées
tout au long du siècle. En 1813, un décret interdit de
faire descendre dans les mines les enfants de moins de 10 ans. En 1841,
une loi défend l'embauche des enfants de moins de 8 ans dans
les fabriques dont l'effectif est supérieur à 20 ouvriers.
En 1874, une loi réduit la durée du travail des femmes
et des enfants. Les ateliers de manufacture ne peuvent embaucher d'enfants
de moins de 12 ans. La journée de travail des enfants de 10 à
12 ans ne peut dépasser 6 heures et 12 heures pour les enfants
de plus de 12 ans. En 1898, une loi institue la répression des
violences, des voies de fait, actes de cruautés et atteintes
commis envers les enfants.
Le 20e siècle est évidemment le siècle où
les progrès en matière de droits des enfants furent les
plus significatifs. En 1900, la durée maximum de travail des
adultes et des enfants passe à 10 heures par jour. En 1905, une
loi autorise l'enfant qui travaille à saisir les juges de paix
en ce qui concerne ses conditions de travail. En 1924, la Déclaration
de Genève devient la première tentative de codifier les
droits fondamentaux des enfants par l'Union Internationale de secours
aux enfants. En 1936, la scolarité devient obligatoire jusqu'à
14 ans. En 1945, c'est la signature de la Charte des Nations Unies,
puis la création de l'UNESCO (United Nations Educational, Scientific
et Culturel Organisation : Organisation des Nations Unies pour l'Éducation,
les Sciences et la Culture) et de l'UNICEF (United Nations Children's
Fund : Fond des Nations Unies pour l'Enfance)., En 1948, la Déclaration
universelle des droits de l'homme est adoptée par l'Assemblée
Générale de l'ONU réunie à Paris.
C'est finalement en 1959 que la Charte
des droits de l'enfant est rédigée et votée.
Le texte, en dix points, est adopté à l'unanimité
par l'ONU. Il fixe notamment la scolarité obligatoire jusqu'à
16 ans. En 1966, deux pactes liant les pays ayant ratifié la
déclaration des droits de l'homme affirment la protection des
enfants contre l'exploitation économique et en cas de dissolution
du mariage des parents. Une mention spéciale est faite quand
à la manière de traiter les jeunes détenus. En
1973, la conférence internationale du travail adopte la convention
qui fixe l'âge du travail à 15 ans révolus. En 1974,
la majorité est abaissée à l'âge de 18 ans.
Une commission voit le jour à l'ONU (Organisation des Nations
Unies) en 1978 qui a pour mandat de plancher sur une déclaration
solennelle concernant les droits de l'enfant. Il faudra attendre 11
ans pour que la convention internationale des droits de l'enfant voit
enfin le jour le 20 novembre 1989 Elle comporte 54 articles. Son préambule
insiste sur la nécessité d'accorder une protection spéciale
à l'enfant. À ce jour, 184 pays ont ratifié cette
Convention les obligeant ainsi à mettre leurs lois en conformité
avec ce texte. Il est intéressant de noter que les États
Unis ne l'ont pas signée car elle interdit la peine de mort pour
les mineurs
Par Guillaume Bouillon
Sources historiques :
J.C. Champagnat à http://www.droitsenfant.com
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