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Décidément, ce n'est pas dans une tel environnement qu'un enseignant peut s'asseoir et rester passif ! L'approche par projet alliée à l'intégration des TIC demande une certaine vivacité d'esprit de la part de l'enseignante et de l'enseignant pour ne pas dire des yeux tout le tour de la tête, celle-ci devant rester froide en autant que possible :). Ajoutez quelques ordinateurs et vous obtenez dans une classe bien particulière à gérer: "Si le contexte de la classe change, les pratiques de gestion changent forcément aussi. Les caractéristiques intrinsèques du contexte créent des contraintes qui s'exercent constamment sur la tâche d'enseignement (Doyle, 1980). Dans les classes informatisées, quatre au moins des caractéristiques suivantes ont encore plus d'influence que les autres: la multidimensionnalité, la simultanéité, l'immédiateté et l'imprévisibilité."(1) Dans la situation précédente, ce sont exactement ces caractéristiques, regroupées sous le thème "multi-tâches", qui font en sorte que l'enseignant a le sentiment de perdre le contrôle. En effet, la marge est bonne entre gérer une classe où les élèves font tous la même chose et une classe où les élèves sont en projet. Nécessairement, un tel contexte demande au professeur une adaptation puisque c'est son rôle même qui change: "Si on utilise les technologies nouvelles en misant sur leurs possibilités, l'enseignant ou l'enseignante agit auprès des élèves, bien davantage que dans la classe traditionnelle, comme un animateur, un "facilitateur", un mentor, un guide dans la découverte et la maîtrise progressive de connaissances, d'habiletés et d'attitudes.(2) Même sans ordinateur, l'enseignant qui choisi de travailler en projet modifie considérablement son rôle dans la classe et, par conséquent, sa façon de gérer celle-ci. Son rôle devient celui d'un orienteur, d'un guide qui précise les directives, ramène les élèves vers les objectifs principaux de l'activité, aide à sélectionner l'information (surtout lorsque les réseaux d'information technologiques sont en jeux). Pour y arriver, il faut que l'enseignant ait une idée très claire des objectifs d'apprentissages, d'autant plus que chaque élève ne prend pas un même chemin pour y arriver. Les premières expériences peuvent être éprouvantes étant donné la diversité des interventions et des questions qui peuvent surgir. Cependant, l'enseignant n'a pas à tout connaître, tout savoir. Par exemple, pour la résolution d'un problème technique relié à l'ordinateur, l'enseignant peut déléguer la tâche à un élève qui a les aptitudes nécessaires. Ainsi, il recoure à l'enseignement par les pairs pour consacrer son temps là où seul lui peut le faire. Pour gérer une classe branchée et/ou en projet, il est essentiel de circuler continuellement dans la classe. La sollicitation des élèves envers l'enseignant est grande et continuelle. Il est donc préférable, pour éviter trop de circulation, que ce soit l'enseignant qui se déplace plutôt que les élèves. D'autre part, certains élèves demandent constamment l'attention du professeur alors que d'autres ne le font jamais. Or un élève qui ne demande pas d'aide ne veut pas nécessairement dire qu'il n'en a pas besoin. De plus, le mutisme de certains pose parfois problème. Il est primordial que l'enseignant aille au devant, qu'il jette un coup d'œil sur le travail des élèves et qu'il les questionne. De simples questions comme "que fais-tu ?", "où es-tu rendu dans ton travail ?", "y-a-t-il quelque chose que tu ne comprends pas ?" sont autant de façons de contrôler l'apprentissage et le comportement. Ainsi, il n'est pas rare que l'enseignant constate que tel ou tel élève avait besoin d'aide, allait dans une mauvaise direction ou n'était tout simplement pas à son affaire. C'est ce qu'on appelle "enseigner par dessus l'épaule". Aussi, il est important d'éviter de se concentrer trop longtemps sur une seule personne. Il est préférable de circuler constamment, quitte à revenir. Évidemment, l'enseignant se doit également d'entretenir un climat de classe propice au travail. Dès le départ, l'enseignant doit accepter qu'il n'aura pas le contrôle sur tout et en tout temps, ce qui est probablement l'étape d'adaptation la plus difficile à franchir. Aussi, parce que la pédagogie par projet est une approche qui "donne une très grande latitude à l'apprenant - c'est une formule pédocentrée - " (3), la gestion devient nécessairement de même. L'enseignant se voit donc en situation de gestion individualisée, personnalisée. Sur le plan strict de la gestion des comportements, cela a le grand avantage de permettre à l'enseignant de connaître rapidement chacun de ses élèves et donc de savoir lesquels sont susceptibles d'avoir des comportements moins appropriés ou divergeants. Il est alors possible de prévenir plutôt que de guérir. Cependant, la formule ne comporte pas que des difficultés. De par sa nature même, le projet et l'utilisation de l'ordinateur agissent sur la motivation des élèves et, par conséquent, atténuent certains comportements indésirables: "En pratique, cependant, la gestion de classe et l'enseignement sont étroitement liés, dans la mesure où un degré minimal d'ordre est nécessaire à l'enseignement. Inversement, les enseignants estiment que des activités pédagogiques signifiantes et captivantes éveillent et nourrissent l'attention des élèves, et concourent ainsi ainsi à atténuer les problèmes de comportement."(4) Un autre aspect de la gestion d'une classe en situation de multi-tâches est l'imprévisibilité: "Le rythme des événements, que nous appelons "immédiateté", accélère souvent dans les classes informatisées et exige de la part des enseignants une attention de tous les instants. Toutefois, la caractéristique intrinsèque qui détermine le plus l'enseignement dans une classe informatisée est l'imprévisibilité. Dans toutes les classes, il arrive fréquemment que les événements prennent un tour inattendu ou que leur enchaînement soit interrompu, si bien qu'il est difficile "de prévoir comment une activité se déroulera tel ou tel jour avec un groupe d'élèves donné" (Doyle, 1986, p. 395). Or, les changements suscités dans l'environnement de la classe par l'informatisation hausse encore le degré d'imprévisibilité. Par exemple, dès la deuxième année du Programme ACOT, la plupart des enseignants apprirent qu'il leur fallait s'attendre à des problèmes techniques occasionnels, et ils firent leur planification en conséquence." (5) Il faut donc que l'enseignant sache "prévoir l'imprévu". Cela exige une certaine préparation et surtout une certaine facilité à s'adapter à toutes sortes de situations. Disciples de la routine s'abstenir… Pour un profane, la gestion du travail en multi-tâches n'est pas facile. Lorsque tous les élèves font tous la même tâche et que l'enseignant est en avant de la classe, le contrôle de tout ce qui se passe est plus aisé (croit-on). Aussi, il est difficile pour un enseignant d'accepter de ne pas pouvoir tout contrôler. Cependant, après quelques expériences de projets, l'enseignant développe un troisième œil et, surtout, apprend à aller au devant des événements. Il pourra ainsi découvrir progressivement un mode de gestion de classe très personnalisé. (1) Sandholtz, Judith, Haymore, Cathy Ringstaff et David C. Dwyer, La classe branchée, enseigner à l'ère des technologies, Chenelière/McGraw-Hill, Montréal, 1997, p.74. (2) Grégoire inc., Réginald, Robert Bracewell et Thérèse Laferrière, L'apport des nouvelles technologies de l'information et des communications (ntic) à l'apprentissage des élèves du primaire et du secondaire, Revue documentaire (http://www.fse.ulaval.ca/fac/tact/fr/html/apport/apport96.html), Rescol/Schoolnet, une collaboration de l'Université Laval et de l'Université McGill. (3) Chamberland, Gilles, Louisette Lavoie et Danielle Marquis. 20 formules pédagogiques, Presses de l'Université du Québec, Sainte-Foy, 1995, p.111. (4) Idem 1, p.75. (5) Idem 1 p.74. Association américaine de psychologie, groupe de travail du président sur la psychologie et l'éducation, Des orientations pour une redéfinition et une réforme de l'école (http://www.fse.ulaval.ca/fac/tact/fr/html/principe.html), une collaboration de l'Association américaine de psychologie et du Laboratoire régional sur l'éducation du centre des Etats-Unis, Traduction française par Réginald Grégoire Inc. Grégoire INC., Réginald et Thérèse Lafferrière, Apprendre ensemble par projet avec l'ordinateur en réseau, Guide à l'intention des enseignants et des enseignantes (http://www.tact.fse.ulaval.ca/fr/html/sites/guidep.html ), Réseau scolaire canadien (Rescol). Laferrière,Thérèse, L'intégration des NTIC et ses exigences pédagogiques (http://www.tact.fse.ulaval.ca/fr/html/saqcatic.html), Université Laval Document Repartir |