IV - La gestion de l'outil
 

Un programme tel que Protic soulève plusieurs questions en ce qui a trait à la pertinence du choix et de l'utilisation de l'ordinateur portable. Le recours à l'ordinateur portable dans un contexte d'apprentissage par projet réside premièrement dans la mobilité de l'appareil. L'ordinateur peut ainsi accompagner l'élève à l'école comme à la maison. Il n'y a plus de problèmes de disquettes, de compatibilité des logiciels entre l'école et la maison ou encore de disponibilité des appareils. De plus, les élèves peuvent adapter les différents paramètres de leur ordinateur de manière à ce que celui-ci réponde à leurs besoins. En outre, le fait de posséder son propre ordinateur contribue sans nul doute au développement du sens des responsabilités. En se branchant au réseau à partir de la maison, les élèves peuvent poursuivre leur travail de recherche d'information et communiquer entre eux à tout moment, que ce soit par l'intermédiaire du courrier électronique, du bavardage (chat) ou même de la vidéoconférence. Enfin, une communication constante peut être établie entre les élèves et les enseignants. Il n'est pas rare qu'un élève, conscient de la présence d'un de ses enseignants sur le réseau grâce à ICQ, demande des explications supplémentaires à propos d'un devoir qu'il est en train de faire. 

Pour rendre tout cela possible, il faut, bien sûr, un équipement adéquat. C'est à ce moment-là que les considérations techniques revêtent une importance particulière.Le lecteur trouvera, à l'annexe C, une description de l'ordinateur portable, des logiciels, du réseau, des périphériques, de l'organisation spatiale et, enfin, une liste des recommandations découlant d'une première année d'expérimentation. 

À Protic, l'ordinateur portable est utilisé à des fins de recherche et de partage d'information, ainsi que pour des activités d'apprentissage en collaboration. Quand l'ordinateur portable est branché au réseau, il est possible pour l'élève de se rendre dans un espace virtuel de collaboration et d'y effectuer certaines tâches d'apprentissage. First Class et L'ABC_W sont des logiciels-outils offrant de tels espaces de collaboration dite en ligne.

L'ordinateur est également employé pour l'exécution d'activités de communication. Ces dernières sont toujours en relation avec les activités et/ou les projets d'apprentissage. Toutefois, il arrive que le courrier électronique soit la voie utilisée par des élèves pour envoyer un message à leurs pairs avec une copie conforme à l'intention de leur enseignant quand des comportements indésirables se produisent. 

Dès que l'élève arrive en classe, il sort son ordinateur de son sac à dos et le branche au réseau. Cependant c'est à l'enseignant qu'il revient de décider du temps d'utilisation du portable à l'intérieur de la classe. L'usage de l'ordinateur en contexte de classe pose, on s'en doute, de nouveaux problèmes, tant pour les enseignants que pour les stagiaires. Nous vous présentons ici le témoignage de deux stagiaires sur des situations qu'ils ont vécues et qui sont susceptibles de se produire dans les classes où l'on pratique l'apprentissage par projet assisté par l'ordinateur en réseau.

Acteurs Luc : Stagiaire dans une classe connectée en réseau
Jean-François : Enseignant associé (enseignant d'expérience en classe connectée en réseau)
Thomas : Chargé de formation pratique
Élèves : Carl, Patrick, Mélanie, Sandrine, Francis, Isabelle, Étienne, Raphaël, Charles, Laurent et France.
Contexte École secondaire 
Classe connectée de première secondaire avec un environnement spatial de type Protic.
Les trente (30) élèves possèdent leur propre ordinateur portable. 
La classe est divisée en huit (8) équipes de travail, chaque équipe étant constituée de quatre (4) élèves. 
L'approche pédagogique utilisée prône l'intégration des matières et la pédagogie par projet.
Phase 1 : Préparation, élaboration et amorce du projet

Lundi 8h30

Même si les cours ne débutent qu'à 9h10, Luc arrive tôt en classe afin de rencontrer Jean-François, son enseignant associé. Avant cette rencontre, Luc avait soigneusement planifié son cours, ses interventions et s'était fait un estimé du déroulement de la période. Il entretient encore quelques appréhensions à propos de la pédagogie par projet, l'intégration des TIC et la gestion de la classe qui accompagne un environnement connecté en réseau. Il désire en faire part à l'enseignant.

Luc : Jean-François, j'ai une bonne idée du projet que les élèves pourraient réaliser.

Jean-François : Ah oui ? Quel en est le thème ? En as-tu déjà discuté avec les élèves pour  connaître leurs intérêts ? 

Luc (confus) : Je enfin non, pas réellement. 

Jean-François : N'oublie pas, Luc, que si le projet intéresse les élèves, la motivation et les efforts s'en trouveront considérablement accrus. L'apprentissage sera meilleur.

Luc : Mais j'avais déjà tout prévu dans les moindres détails : de la réalisation du projet à sa remise.

Jean-François : Luc, il ne s'agit pas de démontrer aux élèves que tu maîtrises  cet art. C'est à eux de l'acquérir. 

Luc : Alors, comment m'assurer de l'intégration de tous les objectifs du Ministère au projet si les élèves ne respectent pas entièrement la démarche que je leur propose? Ce que je crains, c'est que les élèves n'atteignent pas tous les objectifs et qu'ils échouent lors des évaluations finales. 

Jean-François : Pour le bon déroulement d'un projet, il n'est pas toujours nécessaire de viser les seuls objectifs spécifiques. Il ne faut pas négliger les objectifs généraux puisque ce sont eux qui guideront l'élève dans son apprentissage. Si toutefois certains objectifs spécifiques doivent être approfondis, la pédagogie par projet n'exclut pas un bref retour à l'enseignement magistral pour consolider le tout.

Luc : Si vous le dites Bon, je constate que je dois structurer ma planification autrement. Vous vous rendez compte qu'il s'agit, pour moi, d'une toute nouvelle manière d'aborder une classe. Vous me demandez de passer de l'enseignement à l'apprentissage Ce n'est pas évident

8h45

La réflexion de Luc se trouve brusquement interrompue. Deux élèves attendent à la porte de la classe, ordinateur portable dans leur sac à dos, résolument décidés à entrer dans leur local de travail. Jean-François se lève et ouvre promptement la porte. Les élèves se précipitent à leur table. Aussitôt leur ordinateur branché, ils se mettent à leurs tâches. 

Luc : Je dois vous laisser. Vous devez terminer les derniers préparatifs de votre cours et, moi, je dois modifier ma proposition de projet pour cet après-midi.

13h15

Luc est en classe depuis environ une demi-heure afin de mettre la dernière main à la présentation de son premier projet. Il est inquiet de la réaction des élèves face à son projet. Bien sûr, il a déjà observé Jean-François diriger deux ou trois projets, mais, maintenant, c'est lui, le maître d'uvre. Déjà, depuis quelques minutes, les élèves commencent à arriver en classe.

13h20

La cloche sonne. Les cours vont commencer.

Luc : La cloche vient de sonner. Fermez votre portable!

L'équipe d'Étienne, Isabelle et Patrick fait la sourde oreille. Chacun va d'une application à l'autre afin de terminer ce qu'il avait commencé plus tôt.

Luc (d'un ton autoritaire) : Allez ! Baissez l'écran!

Isabelle baisse l'écran de son ordinateur. Patrick fait de même, mais il conserve les mains sur le clavier pour continuer à écrire. Deux minutes se sont déjà écoulées depuis le son de la cloche. Luc, impatient, se dirige alors d'un pas décidé vers l'équipe d'Étienne. Il donne trois petits coups avec la paume de sa main sur leur table de travail. Chacun baisse finalement son écran. "Pas trop tôt", se dit Luc.

Tout à coup, une musique "techno-punk " envahit la classe. Du regard, Luc cherche à repérer l'ordinateur fautif. Il aperçoit finalement Étienne, grimaçant, qui baisse rapidement le volume.

Après ce petit incident, Luc expose les grandes lignes du projet aux élèves pour finalement aborder le mode de présentation.

Luc : Vous aurez à présenter le tout sous la forme d'un exposé devant la classe, en utilisant le logiciel de présentation pour lier vos propos. Attention, vous devrez rédiger et me remettre un texte-synthèse qui vous servira à élaborer votre exposé. Il n'est pas question de seulement survoler le sujet : il faut l'approfondir.

À ce moment-là, six mains se lèvent.

Élève 1 : Est-ce que l'on ne pourrait pas réaliser une page Internet à la place d'un document statique de présentation et d'un texte dans Word ?

Un autre élève émet un commentaire similaire. 

Élève 2 : Oui, c'est une bonne idée. À moins que l'on ne réalise un mini-colloque auquel nous pourrions inviter les autres classes de première secondaire.

Élève 3 : Une page Internet ? Ce serait génial. Nous pourrions la montrer à nos parents et à nos amis afin de recueillir leurs commentaires. Le texte réflexif pour notre portfolio sera plus facile à rédiger par la suite.

Devant l'enthousiasme général que cette dernière idée soulève, Luc décide de laisser le choix à chacune des équipes. Ils pourront faire une présentation statique avec un logiciel spécialisé ou une page Internet. À la suite de leur réalisation, ils auront à recueillir les commentaires de leurs parents et amis. 

Les élèves commencent alors la planification de leur projet. Ils identifient les ressources dont ils auront besoin et se lancent dans une recherche exploratoire pour mieux cerner leur sujet. 

Alors qu'il circule entre les équipes, Luc s'aperçoit que Francis a appliqué sur le fond d'écran de son ordinateur une image de Pamela Anderson déambulant en tenue légère sur une plage. Luc avait déjà discuté avec un collègue de stage de ce type de problème. Il sait qu'il serait vain d'effacer l'image, car celle-ci pourrait réapparaître presque aussitôt.

Luc : Francis, j'aimerais que tu imprimes cette photo en deux exemplaires.

Francis : Pourquoi? Elle est bien cette image...

Devant l'absence de réaction et l'air sérieux de Luc, Francis lance tout de même l'impression. Luc se dirige vers l'imprimante et, après avoir placé l'une des deux feuilles sur son bureau, retourne à la table de travail de Francis.

Luc : Si tu trouves que cette image est acceptable, alors tu n'auras pas de difficulté à convaincre tes parents et le directeur de la signer.

Luc se penche et écrit un petit mot explicatif sur la feuille imprimée de Francis.

Luc : Voilà. Je désire que tu me retournes cette feuille signée pour demain midi. Nous en reparlerons à ce moment-là.

La cloche se fait entendre. Quelques élèves se dirigent spontanément vers la sortie, pour la pause. Les autres, encore absorbés dans leur recherche, n'y prêtent pas attention. Luc leur mentionne qu'il est temps de prendre une pause, mais il ne parvient pas à les convaincre de sortir du local. Les élèves désirent plutôt profiter de la connexion réseau pour lire leur courriel et naviguer sur la toile. "Ainsi soit-il"  leur répond Luc.

 Phase 2 : Réalisation du projet

Mercredi 9h00

Luc arrive en classe un peu plus tôt ce matin, de manière à permettre aux élèves d'installer leur ordinateur. En ouvrant la porte, le désordre de la classe lui saute aux yeux: fils de réseau, souris, livres et feuilles de toutes sortes sont éparpillés sur les tables de travail. Un véritable capharnaüm. Puisque les élèves occupent toujours le même espace de travail, il est fréquent d'observer un certain désordre. Cette fois, cependant, il est difficilement acceptable : les tiroirs des tables de travail sont remplis à pleine capacité et, dans certains, on peut apercevoir des feuilles à moitié déchirées sortir par les côtés.

Les élèves entrent en classe avec une idée bien précise de ce qu'ils doivent accomplir pendant la période de cours. Bien sûr, Luc a réorienté certains projets qui dérivaient des objectifs visés et il a donné son accord à la planification des équipes. Tout semble maintenant sur la bonne voie. 

Dès que Luc aperçoit le responsable d'une équipe de travail, il l'avise qu'il doit dire aux membres de son équipe de faire de l'ordre avant de poursuivre la réalisation du projet.

9h10

Dès qu'une équipe a terminé son rangement, elle se met à la tâche qu'elle doit réaliser. 

Mélanie s'approche de Luc.

Mélanie : Je ne peux pas travailler aujourd'hui. Mon portable est en réparation et je ne l'aurai pas avant demain midi.

Luc : Et pour cette simple raison, tu ne peux plus rien faire de la période ?

Mélanie : C'est ça, tout mon travail était sur mon disque dur.

Luc (sur un ton moqueur) : Mélanie, ce n'est pas parce que tu n'as pas ton ordinateur que tu es incapable de continuer. Tu te souviens de la méthode papier/crayon ?

Mélanie, piquée au vif, va emprunter un crayon à son voisin. Elle se met au travail avec un peu moins d'entrain qu'à l'habitude. Elle marmonne qu'elle aura à reprendre cette partie du travail lorsque son ordinateur reviendra du laboratoire technique. Luc n'en fait aucun cas et commence à circuler parmi les équipes pour leur rappeler de remettre leur réseau conceptuel. Les élèves doivent l'avoir terminé aujourd'hui. Règle générale, le travail semble être bien fait. Puis, tout en circulant, Luc surprend Karl en train de jouer à Tetris sur son ordinateur. La sanction est immédiate et conforme à ce qui avait été annoncé en tout début d'année : expulsion du cours.

Quelques minutes plus tard, Luc s'aperçoit que Thérèse, une élève normalement turbulente, semble plongée dans un mutisme incompréhensible. Elle a la paume de sa main appuyée contre son oreille et un petit fil dépasse légèrement de sa manche. Après une courte investigation du regard, Luc se rend compte que Thérèse est directement reliée à son ordinateur par une paire de mini-écouteurs, bercée par les notes de sa musique préférée. À côté de ses cartables se trouve la pochette vide du disque compact. Luc s'approche d'elle et lui dit :

Luc : Bonjour Thérèse. D'après ce que je peux voir, tu es l'exemple parfait d'une élève "branchée" (Thérèse semble visiblement mal à l'aise et tente de dissimuler ses écouteurs). Mais, ainsi qu'il est stipulé dans les règlements de l'école, tu sais qu'il est tout à fait interdit d'apporter son baladeur en class et, dans ce cas-ci, ton ordinateur fait office de baladeur. Je me vois donc dans l'obligation de te confisquer tes écouteurs et ton disque compact. Celui-ci viendra enrichir la collection de notre directeur.

Luc venait de réaliser deux interventions critiques. Deux réprimandes en moins de vingt minutes Les élèves voulaient le mettre à l'épreuve, c'est certain. À titre de stagiaire, il fallait s'y attendre. Luc se demande alors si pareille situation se serait présentée dans la classe d'un enseignant d'expérience.

Pendant ce temps, les premières ébauches du projet de quelques équipes prennent forme. Des références de toutes provenances ont été trouvées : livres généraux et spécialisés, sites Internet, cédérom, encyclopédies imprimées et multimédias, etc. Désirant ajouter images et graphiques à son travail, un élève se dirige vers le numériseur. Cette initiative personnelle crée un effet d'entraînement qui prend vite des proportions démesurées.  Il y a maintenant plus d'une demi-douzaine de personnes en attente devant le numériseur, certaines provenant parfois de la même équipe. La perte de temps est manifeste et Luc  intervient en adoptant un ton autoritaire : 

Tout le monde à sa place. Baissez l'écran de vos ordinateurs et écoutez-moi. C'est la première fois que nous utilisons le numériseur et il faut absolument que nous adoptions une manière efficace de procéder. À compter de maintenant, les images à numériser devront d'abord être choisies et validées par l'équipe. Il n'est pas question de numériser des images pour le plaisir. Avant de procéder, vous devrez donc avoir déterminé leur fonction et leur place dans votre travail. L'image sert de prolongement à votre texte; elle n'est ni un bouche-trous, ni un ornement. Lorsque vous aurez choisi vos images, vous m'avertirez et je vous réserverai le temps requis pour la numérisation. 

Les élèves semblent satisfaits de cette façon de procéder et, Luc, satisfait de son intervention. Il compte même en parler à son enseignant associé à la fin de la période.

Les élèves reprennent ensuite leur travail. Le ton monte tranquillement et les déplacements deviennent de plus en plus fréquents. Le fait est inévitable, compte tenu du contexte d'apprentissage. Jean-François l'avait d'ailleurs mentionné à Luc.

Afin de prendre un peu de recul, Luc décide de se placer dans un coin du local afin d'observer le mouvement de la classe. Certains élèves parlent et semblent s'amuser alors que d'autres sont silencieux et fixent passivement l'écran de leur ordinateur. Un élève échange des disquettes avec son voisin sans motif apparent. Luc se demande si les élèves travaillent vraiment, s'ils sont assez autonomes pour travailler en équipe, si le bruit est trop fort, notamment pour les classes avoisinantes. 

Un enseignant passe à cet instant précis devant la classe. La porte, demeurée entr'ouverte, offre un spectacle inhabituel pour des yeux profanes. L'enseignant observe la situation d'un il à la fois interrogateur et sceptique. 

 La cloche sonne.

Pendant la courte pause, Luc se dirige vers le salon des enseignants. Seul, il réfléchit sur la période qui vient de passer. Presque au même moment, Thomas, son chargé de formation pratique, entre dans le local. 

Thomas : Alors, Luc, comment s'est déroulée la période ?

Luc : Je ne sais pas trop  Je me pose toujours des questions face à cette pédagogie. Ce mode d'apprentissage soulève tant de nouveaux problèmes Je m'habitue difficilement aux déplacements fréquents des élèves, au bruit, à cette étrange impression de perdre le contrôle lorsque les élèves travaillent en équipe. J'ai beaucoup de difficulté à m'adapter à cette nouvelle gestion de classe. L'importance de la charge de travail n'est pas évidente. La planification est lourde, mais j'ai pourtant l'impression que certains collègues imaginent tout le contraire. Ils croient peut-être que ce sont les élèves qui contrôlent tout. 

Thomas :  En fait, tu crois, à tort, que la pédagogie par projet est nouvelle. Freinet, par exemple, faisait déjà de même il y a longtemps. Ce qui, par contre, a changé dans notre cas, ce sont les outils utilisés. La perte de temps dans ce type d'environnement branché n'est pas plus grande que dans une classe régulière, elle est simplement plus visible. En fait, la gestion est-elle si différente dans une classe dite branchée? 

Luc : J'ai l'impression que les élèves sont totalement dépendants des TIC et de leur ordinateur.

Thomas : Il ne faut pas oublier que ces outils motivent les élèves. L'ordinateur offre de nouvelles possibilités qui méritent d'êtres explorées judicieusement. Cependant, il est important de saisir la valeur réelle de cet outil. L'enseignant doit être conscient que l'ordinateur est au service des projets et non l'inverse. On ne construit pas un projet en fonction de l'ordinateur, ce dernier n'est que le prolongement naturel d'une tâche. 

La cloche sonne, marquant ainsi la fin de la pause.

 Phase 3 : Remise du projet

Deux semaines plus tard

Il y a maintenant deux semaines que ce projet a été mis en uvre et, malgré les hauts et les bas que Luc a eu à vivre, il s'est quand même bien déroulé. Bien entendu, Luc a dû mettre en garde les élèves contre la tentation d'utiliser le copier-coller sans en mentionner la provenance. Il a d'ailleurs été nécessaire d'enseigner aux élèves la bonne manière de citer une référence en provenance de l'Internet. Il a fallu également leur apprendre à comparer les sources afin de ne retenir que l'information la plus juste. 
 

Mardi 14h55

À peine entrée en classe, Sandrine se précipite vers Luc.

Sandrine : Luc, va-t-on pouvoir utiliser ce travail pour notre portfolio ? C'est que, tu vas voir, il est vraiment original, le nôtre. 

Luc (petit sourire en coin) : Bien sûr, Sandrine, c'est ton choix.

Luc commence le cours en s'adressant à la classe.

Luc : Comme vous le saviez, il s'agit de la dernière période allouée pour ce travail. À la fin de celle-ci, vos travaux devront tous m'être remis. Vous devrez me remettre le texte imprimé de votre projet, ainsi que les diapositives de votre présentation. Je vous rappelle que les exposés auront lieu dès le prochain cours selon l'horaire préétabli. Je vous accorde donc cette période pour apporter les derniers correctifs à vos travaux.S'il y a des questions, j'y répondrai. 

Certaines équipes, qui ont déjà terminé le travail, le remettent immédiatement à Luc. Ils utilisent alors la période pour leurs travaux courants.

Martin (très inquiet) : Luc ! Luc ! Nous sommes plusieurs à avoir lancé l'impression au même moment et le poste d'impression est congestionné. Tout semble arrêté. 

Luc, songeur, regarde le poste de travail et entreprend une exploration sommaire du gestionnaire d'impression. À vrai dire, il ne sait trop comment régler le problème. Soudain Charles et Raphaël interviennent : "Luc, on sait comment régler ça. Laisse-nous faire". Les deux élèves règlent le problème en un rien de temps. 

Luc : Eh bien ! vous m'impressionnez. Étant donné que vous avez déjà tout terminé, vous pourriez apporter un soutien technique aux autres équipes !

Raphaël et Charles : Ça nous ferait extrêmement plaisir et tu n'as encore rien vu !

Quelques minutes se déroulent sans problème, mais voilà que

France : Luc ! Luc ! Nous avons un grave problème. C'est Laurent qui a le travail final sur son ordinateur, mais son réseau ne fonctionne plus !

Luc : Prend une disquette.

Laurent : Je n'ai pas mon lecteur de disquettes

Luc : Emprunte un lecteur à un autre élève. 

Laurent : Le fichier est trop gros pour entrer sur une disquette

Luc : Compresse-le, divise-le, mais trouve une solution, car c'est votre problème. Il fallait penser à toutes ces éventualités avant la remise ! Il fallait prévoir !

Laurent : Oui, mais tu ne vas pas nous mettre zéro pour ça; le travail est sur mon ordinateur. Tu peux venir voir.

Luc : Laurent, je suis sûr que vous trouverez une solution. Demandez aux autres élèves, peut-être vous conseilleront-ils.

Jean-François entre en classe afin d'observer le déroulement de la période.

Jean-François : Et puis, Luc, est-ce que tu t'en sors ?

Luc : Oui, très bien. Il ne me restera plus qu'à corriger le tout et à revenir sur le projet, après les exposés, afin de faire, avec les élèves, l'exploitation pédagogique de ses retombées.

Jean-François : Luc, je dois dire que tu as beaucoup changé depuis le début de ton stage. Il est probable que tu n'anticipais pas toujours ce qui allait se passer, mais tu as su t'adapter, et cela est essentiel dans notre profession.

Épilogue
Finalement, Laurent et son équipe ont résolu leur problème. Un élève de l'équipe voisine leur a prêté leur lecteur Zip afin qu'ils puissent transférer leurs fichiers sur un autre ordinateur et imprimer le tout. Ils ont remis leur travail à temps, quoique à la dernière minute, et en ont été quittes pour une bonne frousse. C'est une leçon qu'ils n'oublieront pas.

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