On a raison de poser cette question parce qu'il y a en effet des notions, des concepts, etc. qui sont enseignés, dont les élèves ne voient pas d'emblée le sens.  C'est pour cette raison que certains opposants à la pensée constructiviste ont cru que la notion de sens pouvait devenir très contraignante.  Ces derniers pensaient, par exemple,  que les élèves ne seraient appelés à apprendre que ce qu'ils trouvaient utile et intéressant. Ils craignaient en effet  que plusieurs notions de grammaire ou de mathématique  ne puissent  être enseignées pour cette raison, alors qu'ils les jugeaient extrêmement importantes pour la formation fondamentale de l'élève.

Lorsqu'on examine ce raisonnement, on s'aperçoit qu'il est fondé sur une approche traditionnelle de l'enseignement. Certes, si on tente d'isoler ces notions de grammaire et de mathématique et de les enseigner comme un en-soi, il sera difficile d'en voir le sens. Le sens, il faut le voir dans le but que l'élève pousuit : dans son projet, dans la question complexe ou la situation problème auxquelles il cherche une solution. Si le but de la situation d'apprentissage dans laquelle l'élève s'engage a un sens pour lui, il acceptera plus volontiers de faire des apprentissage qu'il trouve en soi moins intéressants pour parvenir à ses fins. Comme le dit Schank, un auteur américain, il faut amener les élèves à voir les apprentissages plus austères et plus contraignants comme une étape dans la réalisation de projets intéressants et engageants. Bref, il faut garder le cap sur le but, tout en sachant très bien que pour avoir la satisfaction et le plaisir d'une réalisation gratifiante, il y aura de difficiles moments à passer.

À noter que pour voir l'enseignement dans ces termes, il faut s'organiser pour que l'école soit un lieu de conception et de réalisation de produits intéressants, de recherche de réponses à des questions passionnantes et de solutions à des situations-problèmes engageantes. D'où le sens de l'apprentissage et d'où la motivation à apprendre.