Le mouvement
créé par la technologie en milieu académique
Un vent de popularité est en train de pousser les réseaux
télématiques dans toutes les sphères d'activités:
économiques, politiques, médiatiques, sociales et
même éducatives. Est-ce seulement une brise fraîche
qui passe au gré du développement technologique
et d'intérêts économiques ou un véritable
vent de renouveau éducatif? Toutes les réponses
sont possibles et dépendent essentiellement de ceux et
celles qui accueillent ces innovations technologiques et qui les
transforment en véritable projet éducatif à
titre personnel ou collectif, pour l'immédiat ou pour les
générations futures. Le moins qu'on puisse dire
c'est que ce secteur est en mouvement, les écoles sont
davantage filées de jour en jour, des lignes à large
bande passante sont disponibles, des réseaux scolaires
s'adressant de la maternelle jusqu'à l'université
sont en croissance; dans les écoles du Québec, les
CEMIS, entre autres, se préoccupent de l'informatique pédagogique
sous toutes ses formes et au plan pan-canadien un réseau
d'universitaires entreprennent une grappe de recherches interreliées
en téléapprentissage.
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Terminologie
à apprivoiser
Le terme même de téléapprentissage peut surprendre
les éducateurs pour qui un tissu bien tressé unit
l'intervenant, l'apprenant et un objet d'apprentissage. Comme
tout nouveau domaine propose sa terminologie, le téléapprentissage
aussi nous oblige à un certain apprivoisement de concepts.
Ce qui est heureux, c'est que tout n'est pas joué. Les
termes vont être porteurs du sens qu'on veut bien leur donner.
Plus qu'une métaphore, plus qu'une imitation ou un calque,
nous voudrions proposer le téléapprentissage comme
une approche réorganisatrice et structurante de l'éducation
de masse.
Le "téléapprentissage" apparaît
comme une nouvelle réalité qui dépasse la
métaphore, la virtualité et l'éphémérité
même si, pour l'heure, les mots pour le dire ne sont pas
profondément ancrés dans notre expérience
académique. Quand un nouveau champ se développe,
on emprunte souvent des termes et des concepts qui proviennent
de domaines antérieurs plus connus, c'est ce qu'on appelle
une métaphore. Ainsi en informatique, le "menu",
d'abord emprunté au monde de la restauration, s'est imposé
comme caractéristique de l'interface que tous les usagers
connaissent maintenant. Le sens du terme est resté le même
mais l'usage interactif du menu s'est développé
d'une manière propre à l'informatique. Ce genre
de glissement ne convient pas au "téléapprentissage".
Le "téléapprentissage" est plus qu'un
calque aussi. Le dernier siècle et demi a vu poindre une
quantité d'inventions relatives à l'électricité
et à la communication. En elles-mêmes, ces technologies
apportent à notre monde une culture nouvelle. Au plan terminologique,
elles ont presque toutes emprunté le préfixe "télé"
dans le sens de distance ou d'éloignement entre la source
et la réception comme le schéma de communication
de Shannon et les autres qui le complètent le laissent
bien voir. Tout le monde connaît le télégraphe,
le téléphone, le télégraphe sans fil
ou radio, la télévision et probablement la télématique.
Avec le même préfixe on a formé des termes
comme téléuniversité et téléapprentissage.
Et le bal est parti. C'est la danse des télés où
le téléapprentissage ne se sent pas invité
au même titre que les autres.
Gare aux préfixes car ils se reproduisent plus vite que
les lapins. Expliquons cette prolifération par un exemple
issu d'un champ proche des réseaux. En 1966, Theodor Nelson
a forgé le terme "hypertexte" pour désigner
les textes lus à l'ordinateur de manière non-séquentielle.
Or, on parle maintenant des hyperchemins pour naviguer dans l'hyperespace
où l'on devient facilement hyperperdu. Tout ce lexique
se termine par un sourire engendré par un abus de préfixes.
Il faut en déduire que le téléapprentissage
qui se situerait uniquement dans la ligne des inventions "télé"
serait un peu mal servi par le terme. Le modèle de communication
à la Shannon ne convient surtout pas en éducation.
En effet, il ne suffit pas pour enseigner, et encore moins pour
apprendre, qu'une information soit versée par une source
dans un canal et reçue par un récepteur-apprenant.
L'informaticien et l'ingénieur ont terminé leur
travail lorsque l'information est ainsi promenée, emmagasinée,
retrouvée sur le merveilleux Internet mais le travail de
l'éducateur ne fait alors que commencer. Il faut sûrement
refuser un téléapprentissage qui se comprendrait
uniquement dans le sens de médias ou de moyens. Nous négligerions
alors l'essentiel, la visée éducative proprement
humaine.
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Une étymologie
polysémique
Le téléapprentissage est plutôt, grâce
à la technologie des réseaux et des sites 3W, une
réorganisation de l'approche éducative dominante.
Le paradoxe veut que lorsqu'on effectue une recherche étymologique
de "télé", la langue grecque conduit à
telos , un terme qui désigne la fin, le but, l'issue et
l'adverbe de même racine telosde signifie "jusqu'à
la fin", jusqu'au terme. Quelle belle étymologie pour
le téléapprentissage que cette finalité ou
cet objectif : un terme qui veut dire "jusqu'à ce
qu'il y ait apprentissage". Les anciens pensaient moins à
la distance, que les inventeurs de ce siècle; c'est le
but et le parcours qui les intéressaient. On a beau avoir
toutes les technologies, lorsqu'on est proche de l'humain, il
faut parler en humain et l'apprentissage passe alors par les sens,
à leur vitesse, à leur distance. La technologie
ne procède pas autrement du reste, elle sait que les humains
ne digèrent pas les "bits" tout crus, sans abattage
ni cuisson.
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La distance
préalable au projet
Malgré les " télé ", il faut des
interfaces très proches des capacités humaines:
un clavier pour les doigts et l'alphabet, une souris pour la main
qui indique, une taupe pour les pieds dans certains cas, un écran
pour la vision du monde réel, symbolique ou virtuel et
un haut-parleur pour les ambiances et les avertissements. Les
humains communiquent et apprennent par surface or les technologies
de l'information et de la communication opèrent par interface.
Une conversion s'impose.
La distance n'aurait plus d'importance comme se plaisent à
le dire tous les messages relatifs aux nouvelles technologies.
Ce n'est pas une nouveauté que de dire qu'il y a de la
distance entre un auteur et son oeuvre. Toute la médiologie
en parle. Les oeuvres d'art et l'imprimerie tout particulièrement
nous ont habitués à cette absence d'auteur. Telle
est la magie des médias qui permettent de vaincre les siècles
et de nous proposer éternellement les plus beaux trésors,
les plus beaux messages. Or chaque génération doit
relire et réapprendre la Bible, Homère ou Molière.
Que le texte apparaisse en ligne ou en papier, cela n'a pas beaucoup
d'importance pour lire et se construire une vision personnelle
de l'univers. Tout comme les textes anciens ont besoin d'une herméneutique
ou d'un canevas d'interprétation avant d'être accessibles
ou apprenables, le jeune apprenant a sûrement besoin d'un
intervenant bien humain et bien fiable pour transformer une information
réseautée quelconque en connaissance apprenable
et valable.
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La question
du projet
Dans cette perspective, le téléapprentissage serait
principalement un projet, une finalité d'apprentissage.
Le problème vient de se déplacer. Au début,
il s'agissait de dire que "télé" comme
distance ne livre pas tout le sens désiré avec apprentissage.
Il faut plutôt parler de finalité ou de but comme
le suggère une étymologie mieux étoffée.
Maintenant, il s'agit de dire ce qu'un projet peut signifier.
Encore une fois, il convient de se rapporter aux anciens. Avant
que le monde scientifique et technologique ne soit développé,
le calcul et la mesure n'existaient que de manière subjective
et existentielle. Le terme " jet " était souvent
utilisé en ce sens. En l'absence de toute technologie de
défense, et certaines nouvelles télévisées
nous laissent voir que ce n'est pas révolu, la distance
du jet de pierre représentait la zone de sécurité
autour d'une personne et la fin ou la finalité du jet c'était
d'atteindre l'objet pour préserver son intégrité.
Dans le monde scolaire traditionnel, le même sens commun
de jet est utilisé depuis bien des générations.
On a sûrement dit aux enseignants et enseignantes de parler
assez fort en classe pour que tous entendent et de se placer bien
à la vue de tous. C'est une autre façon scolaire
de traduire la zone de jet ou zone d'apprentissage. Puis, dans
un sens second, le terme "projet" est utilisé
pour désigner non plus les personnes mais ce qui est visé
par l'apprentissage. Or il peut y avoir une multitude de cibles
ou d'objectifs pédagogiques, une multitude de petits projets
qui s'inscrivent dans une vision d'ensemble. Tout cela est vrai
dans l'école traditionnelle comme dans l'école nouvelle.
Ce sont les moyens et les approches qui diffèrent avec
les nouvelles technologies, et notamment les réseaux.
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Une histoire
: le projet de David
Une vieille histoire va illustrer le rapport entre projet, technologie
et apprentissage. David, faible et petit de taille devait posséder
une zone de jet de pierre assez faible. Un jour, il doit affronter
Goliath qui était fort et grand. À la force de leur
jet respectif, David était d'avance perdant mais il usa
d'astuce et se servit d'une fronde, ce qui augmenta sa zone et
sa force de jet et fit de lui un vainqueur. La fronde est toujours
rapportée dans ce récit comme un outil technologique
qui amplifie les ressources du plus faible. La fronde projette
plus loin, plus fort et brouille les attentes latentes. Depuis
des millénaires, on loue David.
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Un défi
en voie de réalisation
Le défi est de taille. Le téléapprentissage
peut devenir un projet éducatif accessible et de grande
vision si les zones classiques ou classes traditionnelles sont
remises en cause et si des technologies astucieuses viennent s'ajouter
à la force des intervenants. Plusieurs projets sont déjà
en marche et tous sont conviés.
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Le dérangement,
prélude au réarrangement
Enfin, les TIC sont un peu incontournables. Il va être difficile
à l'école de demeurer de son temps en ignorant la
culture de son temps. L'audiovisuel et l'informatique pédagogique
de première génération sont souvent évoqués
comme des générations d'échec en terme de
renouvellement pédagogique. Est-ce que cette fois, ce sera
la bonne? Si le renouveau n'est que technologique, ce ne sera
pas non plus la bonne fois. Mais la masse critique d'innovations
fait en sorte qu'il faudra bien trouver des approches pédagogiques
qui dérangent structurellement le fonctionnement de la
classe traditionnelle. Et le merveilleux pour cette génération,
c'est de construire et structurer, dans une nouvelle architecture
aux technologies raisonnées, l'école de demain.
Les technologies antérieures ont souvent réussi
à modifier le panorama scolaire mais de manière
subreptice. On parle actuellement de l'autoroute électronique
en analogie avec les routes de jadis. Or voilà tout un
ensemble technologique. Les moteurs à pistons ont donné
les autos qui ont donné les routes, les banlieues. Ces
moteurs ont aussi donné les autobus scolaires jaunes et
les grandes écoles et les grandes foules d'élèves.
Entre les écoles de rang et les polyvalentes, on retrouve
un grand changement technologique. L'analogie risque de se répéter
avec l'information en réseau et la communication entre
communautés non réunies. Tout cela aussi risque
de changer certains paramètres de l'éducation. Qu'est-ce
qui va changer : les enseignants, les transports, les classes,
les programmes, les rapports au savoir, les rapports sociaux?
Il faut croire à de grands changements et les projets de
téléapprentissage veulent en être les premiers
témoins et les meilleurs guides.
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Une nouvelle
voie d'apprentissage post-technologique
Tout l'ensemble du projet pédagogique comprend dorénavant
une composante technologique importante d'une ampleur qui n'avait
jamais été égalée en éducation.
Même l'audiovisuel, qui nécessitait pourtant de l'appareillage
en milieu scolaire, n'exigeait ni lien télématique
ni postes individualisés d'apprentissage car c'était
pour l'essentiel des médias qui prolongent ou appuient
les activités ordinaires d'enseignement. À l'ère
de l'informatique en réseau, le poids et la préoccupation
technologiques sont encore plus importants mais ne doivent pas
dominer le projet pédagogique dans son ensemble. C'est
un défi de taille car pour bien des intervenants dans ce
domaine, le simple fonctionnement des appareils et des réseaux
sont déjà un gage d'accomplissement alors que ce
n'est que la condition préalable à toute réalisation
pédagogique. Malgré les apparences, le projet doit
utiliser de la technologie mais ne pas reposer sur la technologie
contrairement à ce que laisse voir la publicité
et le développement commercial des info-routes. Faut-il
le rappeler, tout le projet ne vise que l'apprentissage humain
et toute technologie doit être centrée sur l'humain.
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Une nouvelle
ère de médias et de technologies
L'apport technologique crée cependant un momentum qui va
bien au-delà du simple fonctionnement des appareils et
logiciels. En effet, pour la prochaine génération,
tout le projet, et c'est ce qui le rend passionnant, consiste
à ajuster la technologie qui se perfectionne encore aux
besoins des apprenantes et des apprenants vivant dans une nouvelle
ère de médias.
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Le livre et les nouvelles technologies
Le seul autre exemple que l'on connaisse, c'est celui de l'imprimerie
et du livre (Le cinéma et la télévision n'ont
pas engendré le même genre d'impact). En effet, on
a mis cinquante ans à préciser la technologie du
livre et son impact se fait encore sentir. Tout cela a servi à
structurer les écoles et les universités, les curriculums
et le reste du rapport au savoir. Nos institutions académiques
ont d'ailleurs placé les livres dans le béton, ce
sont les bibliothèques, et dans le dos des élèves,
ce sont les sacs d'école. De nos jours et pour longtemps
encore, toute approche intellectuelle et scientifique commence
par de la documentation écrite : recettes de cuisine, étude
scientifique, plan de cours et évidemment, fonctionnement
des logiciels. Même Bill Gates, le milliardaire de Microsoft
a publié des livres à côté des logiciels!
Donc, le livre va demeurer mais de nouveaux médias tout
aussi structurants se proposent et s'ajoutent.
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Une autre génération
de changements : côté humain
Le projet dont on parle ici ne vise rien de moins que le processus
de changement qui va conduire les humains et notamment les enseignants
et enseignantes à de nouvelles façons d'aborder
l'information et la connaissance. Et en ce sens, l'école
va devoir tout intégrer, les médias traditionnels
comme les nouveaux, en moins d'une génération, si
l'histoire se répète. L'enseignant-pourvoyeur d'information
va se muter face à l'apprenant qui va plutôt se sentir
aidé dans son apprentissage par un enseignant-samaritain
dont le rôle n'est pas encore totalement précisé.
C'est là un objectif général de tout le projet
de télé-apprentissage.
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Une autre génération
de changements : côté information
L'information qui circule actuellement un peu sans règlements
dans le cyber(e)space devrait conduire à une intelligence
collective aux paramètres nouveaux (Lévy, 1995).
Apprendre consisterait moins à se faire livrer de l'information
qu'à prendre conscience des connexions qui existent pour
soi entre toutes les informations disponibles. Tout le projet
comprend cette dimension collective du tout à découvert,
de l'instantané, du personnalisé, du connecté.
Le projet c'est de faire sauter les couverts du livre et le défi,
c'est de continuer à le faire lire.
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L'erreur de
l'école automatisée
Deux sentiers d'erreurs guettent le projet des pédagogues.
Le premier consisterait à technologiser seulement ce que
l'enseignant fait déjà dans les structures scolaires
actuelles. Parce que le traitement de textes automatise la plume,
il ne faudrait pas croire, par simple transfert, qu'on peut automatiser
le professeur traditionnel. C'est plutôt la voie d'un nouveau
rapport à l'information et d'une nouvelle conception de
l'apprentissage, basée sur les progrès réalisés
en théorie de l'apprentissage, que le projet doit suivre.
En ce temps de rénovation, parfois cette erreur peut se
montrer séduisante pour un bon moment. La créature
artificielle (entendons les logiciels) ou le professeur robot
(entendons les didacticiels actuels) a toujours fasciné
depuis Pygmalion et sa Galatée en statue.
Il faut se méfier des machines à enseigner qui risquent
d'écraser l'élève plutôt que de le
libérer. Aussi paradoxal que cela puisse paraître,
le projet vise plutôt à "détechnologiser"
l'enseignement traditionnel et à remettre le bricolage
des connaissances personnelles entre les mains des apprenants
et apprenantes avec les outils et les médias appropriés.
Malgré les craintes énoncées, une nouvelle
technologisation risque fort de se produire sous forme de gabarits
et de formats de leçons, d'images, de textes et de scénarios.
Cette automatisation doit être notée mais elle semble
même souhaitable. En réalité, lorsque les
technologies sont plus intellectuelles et plus intégrées,
elles deviennent des ressources qui se proposent comme des protocoles
qui exemptent de tout devoir redécouvrir à chaque
fois. Tout comme la médecine parle maintenant de bon cholestérol,
le projet va devoir parler de bonne technologie intellectuelle
et éducative.
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L'erreur de
la technopolie intégrale
Le deuxième sentier erroné reviendrait à
dire que la technologie mène le monde dans une sorte de
technopolie où la technologie s'imposerait à la
culture et que le progrès commence par l'anéantissement
des structures établies, nommément les structures
scolaires. Les enseignants n'auraient plus leur place dans une
école et chacun apprendrait ce qu'il veut chez lui ou ailleurs
et quand il le veut. Or les humains les plus jeunes ont besoin
de société pour leur première décennie
d'apprentissage et les plus âgés ont besoin de pertinence
pour leur apprentissage continuel. La formation professionnelle
repose essentiellement sur ce rapport à la réalité
de la vie que l'écran seul ne peut livrer tout comme la
page en papier n'a jamais suffi à remplacer l'expérience
personnelle. La technologie peut augmenter, les médias
peuvent être omniprésents mais le projet éducatif
vise précisément à leur laisser un rôle
d'intermédiaires. Les médias sont puissants à
proposer des informations mais leur puissance ne doit pas se muter
en autorité, en vérité et en exclusivité.
Si on dispose de nouvelles technologies il faut aussi disposer
de nouvelles approches d'utilisation et surtout se munir de nouveaux
critères d'acceptation ou de croyances de tout ce que la
technologie propose. Or ce n'est pas le manuel de fonctionnement
d'un logiciel qui va suggérer cette dimension. Il reste
donc beaucoup de place pour les humains.
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Un pôle-média
En somme, le projet pour l'apprentissage vise l'atteinte d'un
nouveau pôle média comme l'imprimerie en fut un.
Les pôles médias comme l'oralité, l'écriture,
l'imprimerie et le prochain qui n'a pas encore de nom ne se démodent
pas. Les technologies passent mais les médias restent.
Les technologies vont se succéder, devenir obsolètes
mais une certaine stabilité média devrait être
atteinte dans une génération si le modèle
de l'imprimerie-livre est répété. Le projet
est donc le processus qui de transformation en transformation
conduit au nouveau pôle. Tous les enseignants et les futurs
enseignants vont donc vivre la préoccupation-média
du moins jusqu'à ce qu'on puisse prendre pour acquis les
processus d'apprentissage qui sont à peine envisagés
maintenant.
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Un éclatement
assuré, une excellence souhaitée
Avec la technologie des réseaux, le projet va passer par
une certaine déterritorialisation. Les meilleurs cours,
les meilleures écoles, les meilleures informations vont
être disponibles. Une nouvelle société académique
va s'élaborer. Le savoir disponible va être mesuré
au lit de Procuste mais par le côté de l'excellence
si jamais quelque engin technologique peut détecter cela.
Du côté de l'apprenant aussi le projet va proposer
de nouvelles préoccupations relatives au dépassement,
à l'excellence, à la pertinence et à l'interconnexion
des savoirs. À notre époque encore, les divers sujets
étudiés proposent des cases bien établies
dans le curriculum. Tout comme les couverts du livre vont métaphoriquement
éclater, les sujets d'études sont appelés
à se décloisonner.
Le projet va lui-même se subdiviser et se concrétiser
en projets spécifiques décrits par ailleurs qui
vont faire de multiples trajets sinusoidaux entre les structures
actuelles, les innovations disponibles, les théories d'apprentissage
à pourvoir, les rôles éclatés des enseignants
et des apprenants, la formation continue et à domicile.
Tout cela dans un contexte technologique, économique, innovateur
qui va vanter les vertus des nouvelles fonctionnalités
tandis que le projet est essentiellement centré sur l'humain
et son apprentissage.
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Projet des apprenantes
et des apprenants
L'apprenante ou l'apprenant est aussi un être avec un projet,
celui d'apprendre résolument ou celui de ne pas trop s'engager,
voire de fournir le minimum d'effort. Il en va de sa motivation
à apprendre et nombreux sont les facteurs qui entrent ici
en ligne de compte. Lorsqu'orientées sur le projet d'apprendre
ou un projet spécifique donné, sa curiosité,
son attention ainsi que ses autres capacités intellectuelles
deviennent au service de l'intention visée.
Les développements les plus récents en théorie
de l'apprentissage soutiennent l'idée qu'apprendre implique
beaucoup plus que de répondre à des stimuli externes
ou que de traiter l'information comme peuvent aujourd'hui le faire
les ordinateurs. Apprendre signifie aussi construire sur son expérience
passée, sa compréhension d'une réalité
donnée, de ses liens avec d'autres données, situations,
etc. Cette vision de l'apprentissage est exigeante au plan pédagogique,
mais une tradition d'excellence existe.
L'expérience des pédagogues est riche en projets
multiples réalisés par des élèves
qui furent habilement guidés. La pédagogie des Socrate,
Dewey et Freinet et celle des nombreux enseignants et enseignantes
qui s'en sont inspirés est un héritage précieux.
Nombre de recherches en éducation ont aussi permis de mettre
en évidence des pratiques efficaces favorisant l'atteinte
d'attentes élevées.
Pour aider les pédagogues qui utilisent l'approche-projet
à être efficaces, les façons de faire des
"coaches", des gestionnaires de projets variés,
de chefs d'équipe et autres sont une autre source de référence
: savoir motiver une équipe, établir un contrat
clair ou, encore, planifier l'usage du temps à être
consacré à la réalisation d'un projet sont
des habiletés importantes en gestion de projets (d'apprentissage).
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