Une visite virtuelle? Pourquoi pas!

 

L'enseignant enthousiaste : « Oui! Hourra! »

Personnellement, je suis un enseignant enthousiaste par rapport aux TIC en général et aux visites virtuelles en particulier. Partant avec une attitude positive, je crois fermement que les visites virtuelles sont un outil de plus dont disposent les praticiens réflexifs qui veulent sans cesse réfléchir sur leur action pour la polir et l'améliorer. Je suis de ceux qui croient que le temps investi dans la construction d'une visite virtuelle, qui est, à bien y penser, une forme d'évaluation formative, est récupéré par l'amélioration de sa pratique qui peut s'ensuivre. Comme il est inutile de convaincre quelqu'un qui est déjà convaincu, cette section qui s'adresse à l'enseignant enthousiaste tente d'identifier quelques-uns des bénéfices que j'ai tirés, en tant qu'enseignant moi-même convaincu, de ma visite virtuelle.

Plusieurs éléments de ma visite virtuelle me font croire que ce genre de pratique ne peut qu'être bénéfique. D'abord, quelques pages de ma visite décrivent les comportements que les élèves avaient lorsqu'ils utilisaient le Knowledge Forum. En analysant le travail que les élèves ont effectué avec ce logiciel, j'ai pu savoir s'ils faisaient de la cueillette d'information, de la résolution de problème, de la confrontation avec des collègues, etc. N'est-ce pas là l'occasion rêvée pour tenter de savoir clairement si les processus cognitifs des élèves sont effectivement ceux que l'enseignant visait au départ? Dans le cas présent, l'analyse du travail des élèves m'a permis de comprendre que ces derniers faisaient plus de description que de résolution de problème; aurais-je p! ris conscience de cela si je ne m'étais pas imposé le travail d'objectivation que requiert la construction d'une visite virtuelle? J'en doute fort.

L'objectivation que je viens de décrire est rendue possible par le fait que l'utilisation d'un logiciel de télécollaboration dans un mode d'apprentissage collaboratif rend la pensée des élèves visible. Habituellement, lorsqu'un élève arrive avec une solution, il est très difficile pour l'enseignant de mettre le doigt sur les étapes de sa pensée qui l'ont mené à la solution. Le Knowledge Forum, par les traces écrites qu'il laisse, fait émerger les étapes de la résolution de problème; si on y ajoute la visite virtuelle, l'enseignant prend conscience des traces laissées par ses élèves et les organise de façon à mieux comprendre leur apprentissage. Cela est très utile pour évaluer la progression des élèves et pour doser la difficulté des projets &ag! rave; venir.

La visite virtuelle m'a aussi permis de voir une panoplie de comportements socio-affectifs que les élèves adoptent dans une pédagogie par projet, comportements qui ont une incidence non négligeable sur la tâche à accomplir. Je me souviens, entre autres, d'une page de ma visite où je montre une note d'un élève qui dit sentir une progression dans la compréhension du problème et qui encourage les autres à ne pas lâcher. En voyant cela, je me suis demandé si cet encouragement avait eu quelque incidence sur le travail des autres et j'en ai conclu qu'un certain nombre d'élèves a effectivement redoublé d'ardeur en voyant les encouragements et la fin du projet qui approchait.

Je me bornerai à mentionner un dernier aspect positif des visites virtuelles, soit la collaboration entre enseignants. En faisant ma visite, j'ai dû faire une page d'introduction sur laquelle je mentionne ce qu'est le Knowledge Forum et quels étaient les présupposés théoriques sur lesquels je m'appuyais avant de commencer à utiliser cet outil. Comme les visites virtuelles sont, en principe, accessibles à tous les internautes, je trouve qu'il est intéressant de jeter un ™il sur les idées et les pratiques des autres enseignants pour enrichir les siennes. La visite virtuelle permet à n'importe qui de poser son regard sur la classe pour voir ce qui s'y fait; plus qu'une simple curiosité, cela peut être une autre forme de formation continue et de collaboration entre praticiens.

Comme l'enseignant enthousiaste à l'idée de faire une visite virtuelle est sans doute déjà « vendu » aux arguments susmentionnés, le besoin de le prendre par la main pour qu'il fasse lui-même une visite est très réduit. Je lui donnerai néanmoins quelques petits conseils pour faciliter son travail :
    • Bien cerner ses assises théoriques et l'objet de sa visite. Si le visiteur potentiel ne sait ni sur quelles idées théoriques ni sur quelle tâche à réaliser repose la visite virtuelle, il ne pourra jamais comprendre le sens profond de cette visite. Il restera donc sur sa faim et se demandera constamment « à quoi ça sert, au fond, à part de faire une belle page Web », chose que l'on veut éviter si l'on tient à convaincre les autres de faire eux aussi une visite virtuelle!
    • Ne pas avoir peur de recourir aux élèves. Les élèves sont très critiques et lucides quand vient le temps de s'auto-évaluer. Pourquoi se taper soi-même tout le travail d'objectivation? En ce qui me concerne, je me questionnais seul pour me faire une idée, puis je demandais ensuite aux élèves ce qu'ils croyaient avoir appris dans tel ou tel projet. Leurs remarques ont enrichi de façon substantielle ma réflexion et, par ricochet, ma visite virtuelle. Les élèves sont capables de produire de puissantes réflexions à propos de leurs apprentissages. Pourquoi s'en priver?
    • Doser le contenu et le « contenant ». Vous n'êtes sans doute pas un expert de la programmation HTML; mes connaissances sur ce sujet, quoique suffisantes, sont plutôt limitées. Qu'à cela ne tienne, concentrez-vous sur les points simples qui plaisent aux visiteurs de tout site : un arrière-plan assez pâle, pas d'images tape-à-l'™il sans valeur pédagogique, une navigation simple. Votre bel enthousiasme peut être tué dans l'™uf par une mauvaise conception visuelle, alors pensez-y!
Les deux autres textes (revenez à la page d'accueil puis explorez les deux autres liens) s'adressent également aux enseignants enthousiastes car ils décrivent quelques étapes à suivre pour bien réussir, à mon avis, une visite virtuelle. Il ne serait peut-être pas superflu d'y jeter un coup d'™il même si vous êtes, en principe du moins, un fervent partisan des visites virtuelles.

Martin Bélanger
quebecisme@hotmail.com