Lorsque l'on songe au concept de citoyenneté, nous avons presque toujours en tête la conception qu'en ont les sociétés occidentales depuis plus de cinquante ans, soit depuis la Deuxième Guerre mondiale : la citoyenneté renvoie aux droits civils, politiques et sociaux des membres d'une société donnée. Mais depuis quelques années, la conception de la citoyenneté tend à prendre une nouvelle tangente, ses bases traditionnelles se voyant remises en question pour en venir à une évolution du terme, suivant le courant évolutif idéologique qui marque tous les secteurs de l'activité sociale.

Tout d'abord, la notion de droit ne doit plus prédominer, conférant un caractère trop passif au concept de citoyenneté. Il faut plutôt mettre l'accent sur la responsabilité envers la collectivité pour que ces droits soient vraiment protégés. Deuxièmement, on doit prendre en compte les possibilités d'accéder à la citoyenneté, aux conditions économiques et sociales favorisant la pleine et entière participation des individus à leur collectivité. Troisièmement, les notions de participation et de responsabilité deviennent porteuses d'exigences plus larges, comme la solidarité internationale, la compréhension des enjeux mondiaux et le développement d'une conscience civique transcendant les frontières nationales. Finalement, il ne s'agit plus seulement de participation et de responsabilités civiques, mais aussi d'un « vivre ensemble ». La citoyenneté fait donc maintenant référence à des qualités, des attitudes et des comportements, mais aussi à un espace civique qui surpasse les particularismes et qui devient la base sur laquelle reposera désormais le fonctionnement démocratique et la cohésion sociale.

Par Guillaume Bouillon, selon: Conseil supérieur de l'éducation (1998). Éduquer à la citoyenneté.